mardi 3 juillet 2007

Chasse de la panthère.


Après le diner, autour du fourneau (almessi) où brulait un véritable tronc de génévrier (taqqa) qui dégageait une odeur agréable.... Lefdil et ses amis, exigeait de Moha Ou N'Barch, leur hôte, de leur raconter l'étrange et invraissemblable aventure qui avait fait date dans la région: l'histoire de la panthère. C'était quelques années avant l'arrivée des français dans la région. Tout en racontant fidèlement son récit, l'Amghar préparait le thé. Assis en tailleur, il mit une petite poignée de thé dans la thèière ( berrade), enleva le papier qui enveloppait le pain de sucre le cassa avec un petit marteau en cuivre ( m'terqa), il mit quelques morceaux de sucre , remplit le berrade d'eau bouillante et le posa sur le braséro en terre cuite ( mejmer). Pendant que le breuvage infusait, il continuait: " l'hiver était très dure, la neige tombait sans arrêt pendant plusieurs jours de suite. Les portes des maisons étaient bloquées, on sortait par les lucarnes des toits. Pendant cette période, une panthère affamée descendait dans le ksar. Elle avait dévoré la vache de Aicha Tihit, une vieille femme habitant seule à l'entrée du ksar".
L'Amghar souleva le couvercle de la théière pour ajouter un bouquet d'absinthe (chiba). L'assistance, silencieuse, attendait avec impatience la fin de l'histoire. L'Amghar resserait son turban (terrezt)sur le crâne en continuant son récit. Le lendemain du carnage, j'avais suivi la trace du félin. Je savais qu'il était dans les parages? peut être dans un enclos abandonné du ksar. J'avais placé Aicha Tihit chez moi et improvisé une traque; la vache, à moitié dévorée, avait fait l'affaire.
J'avais ordonné à mes deux fils et un autre chasseur Ali Ou Ali de prendre leurs fusils et de me suivre. Nous avions encerclé l'enclos où c'était passée la scène".
L'Amghar rangea les verres, en demi cercle dans le plateau, passa la main sur sa barbe et continua. "Il faisait un froid abah! La nuit était noire. J'avais conseillé à tout le monde de se mettre en affût, dans la direction du reste de la vache, et de faire attention avant de tirer. Le tir ne devait être que devant". N'Barch versa un peu de thé, gouta et le reversa dans la théière."Imssous". Il ajouta un morceau de sucre et reprit en riant aux larmes. Et savez vous ce qui se passa par la suite? demanda t il. Les invités ne savaient quoi répondre et hochèrent de la tête. "Mes trois compagnons, expliqua t il, qui en avaient marre d'attendre dans le froid et le noir entrèrent discrètement dans la chambre de Aicha, et s'en dormirent à point fermé auprès d'almessi. Et tous les convives partirent d'un éclat de rire. Quant à moi, continua N'Barch, je finis la nuit aux aguêts. A l'aurore, la panthère revena achever son repas. J'avais pris de grandes précautions pour l'approcher et tirer; et je ne l'avais pas manquée. C'était une grande joie. Elle pesait 65 kg. Et comme on dit," à chaque travail son salaire" , j'ai vendu dernièrement sa peau à un officier français au prix d'une vache!!!.
Tiré du roman "Hadhoum" publié par M.Mouhib -imprimerie Fedala-2004.

4 commentaires:

Pas a pas a dit…

bonjour
quelle belle histoire
mon pere me racontaiy aussi ses parties de chasses ala panthere du cote de oumes, a timexaouine si je me souviens bien
j'ai quelques photos et un article de journal sur ses chasses
merci de ce retour a mes reves d'enfants
P.S le livre n'est pas encore arrivé il me tarde pour le lire
amities
patrick

Dr Mouhib Mohamed a dit…

c'est vrai la panthere existait egalement dans la region d'Oulmes;selon les anciens chasseurs.
J 'espere que tu auras " HADHOUM "
cette semaine.
merci du passage.

Pas a pas a dit…

bonjour
le livre vient d'arriver, je vais de suite le lire

et si un livre français vous interresse ,je souhaiterai vous l'offire
amities
patrick

Dr Mouhib Mohamed a dit…

bonjour patrick j' espere que Hadhoum te plaira.
amities; Mouhib.