mardi 22 mai 2007

La mort de Mohand Ou Taleb.

Au XIX è siècle les Ait Izdeg, au même titre que les autres tribus du Haut Atlas Oriental, faisaient de l'honneur une des bases de leur vie.
Leur droit coutumier (Izref) réglementait les atteintes à l'honneur et reprimait sévèrement les infractions telles que l'adultère, le viol et les injures.
Il ne faut pas rester longtemps à Midelt pour entendre des anciens Ait Izdeg faire le récit d'un meurtre qu'ils considéraient comme "crime d'honneur".
La version des faits : Le Caid des Ait Youssi Mohand Ou Taleb, lors d'une fête célebrée en son honneur, à Tit N'Ourmès , avait exigé de voir la femme Zedguie qui avait préparé, pour sa réception, le "Trid"( sorte de crêpes marocaines).
L'agissement du Caid fut considéré par Ait Izdeg comme une offense à leur honneur.
Leur réaction fut énergique : ils s'étaient vengé en assassinant publiquement le Caid des Ait Youssi.

dimanche 20 mai 2007

Tizi N'Telghoumt ( Col de la chamelle).

Selon la légende locale, Sidi Yahya ou Youssef, descendant du fondateur de la ville de fès (Idriss II) était chef d'une confrérie . Il a du quitter la ville de Fès au XI è siècle JC. Par la Chaouia il se rendit dans la vallée de l'Oued M'Goun dans le Dadès. De là , remontant vers le Nord, il arriva à un col à l'est de Jbel El Ayachi que sa chamelle refusa de franchir, d'où son nom : le col de la chamelle ( Tizi N'Telghoumt). Interprétant celà comme un signe de la volonté de Dieu, il changea de passage et s'installa sur une colline aride à une vingtaine de kilomètres à l'ouest de Tounfite. Et là, il créa le premier pôle religieux de la région dans ce lieu qui lui sembla propice à la méditation. La Zaouia Sidi Yahya Ou Youssef continue toujours à former des Tolbas et à recevoir les pélerins .

vendredi 18 mai 2007

Brahim Issoumour.

Brahim Issoumour était un grand Amghar ( chef) des ait Izdeg. Il appartenait à la famille Ait Issoumour dont le ksar se trouve encore aujourd'hui à quelques kilomètres au sud de Rich.
Brahim habitait ksar Sammoura dans la vallée d'Outat.Il appartenait à la fraction Ait Hahou,sous fraction des Ait Moumou .
Dans la 2è moitié du XIX siècle il s'était distingué dans la confédération Ait Yafelmane, à la suite de sa victoire sur les Ait Atta, qui, jusqu'alors étaient invincibles.
La tradition a retenu qu'il était vigoureux, courageux et décidé. Il était très hospitalier, cavalier sans rival et bon tireur.
De petite taille, maigre et souple l'Amghar avait pu étendre sa domination sur toute la confédération Ait Yafelmane. Il arrivait à se faire reconnaitre par différentes tribus de la région: Ait Youssi, Ait Myild, Oulad El Haj, Ait Ayach etc...
En 1854 le Sultan Moulay Abderrahmane l'avait nommé Caid de la région de Tafilalt, il se révolta quelques années après.(voir le Tafilalt-El Arbi Mezzine.)
Selon la tradition orale, Brahim a été tué par des membres de sa famille: son serviteur ayant eu vent du complot l'en avait averti en lui proposant d'échanger d'habits et de monture . Conseil qu'il avait dédaigné en retorquant: "si c'est mon destin , qu'il en soit ainsi!"
Le jour de sa mort, il quitta son ksar sur son cheval, son aide derrière lui, sur son mulet, et, au petit galop, par les pâturages d'Assaka, au pied d'El Ayachi, une balle le toucha , il se sauva jusqu'à Boutseklout où il fut achevé par ses tueurs auxquels il avait dit, juste avant sa mort: " vous avez tué votre chance."( tenghem mimoun noun). L'endroit où il a été tué porte aujourd'hui son nom : taseklout n'Brahim.( L'arbre de Brahim).

mercredi 16 mai 2007

L'Anémie culturelle.

Au moment où la culture se municipalise dans plusieurs villes marocaines, notre région se situe dans le peloton de queue parmi les régions n'accordant aucune importance à ce secteur.
La politique culturelle est inexistente chez nous. Pas de plan d'action comprenant des objectifs spécifiques. Et pourtant, les économistes sont aujourd'hui unanimes quant à l'importance de la culture dans le développement social et économique d'une ville. C'est la culture qui crée l'image de marque d'une ville.
Midelt ne compte ni musée, ni galerie, ni bibliothèque dignes de ce nom. Quant au capital culturel originel ( berberité et oralité) , elle est en train de disparaitre.
Feu Moha Abehri, journaliste et écrivain décédé il ya quelques années à Aghbala, mon pays natal, nous livre cette image sur le pernicieux de la disparition de la culture traditionnelle." ...c'est comme un billet de banque qu'on retire graduellement de la circulation. Personne ne le ramasse de chez ses détenteurs. Personne ne l'arrache à personne et on ne met la main dans la poche de personne. Mais un beau jour, personne n'en a plus et personne ne l'a vu partir. Et personne ne peut rien réclamer parce que personne n'a rien perdu." Que Dieu ait ton âme Moha!

lundi 14 mai 2007

On en parle dans la ville.

Pour sortir de l'ignorance et de la misère qui l'accablent, notre région a aussi besoin d'un bon engagement citoyen. Engagement qui sous entend que politique et travail social ne riment pas avec pouvoir et vanité, mais avec sacrifice et travail sur le terrain. Les vrais acteurs sociaux travaillent de façon non ostentatoire et laissent leur sacrifice muet. Ils sont disposés à accepter de ne pas voir les résultats de leurs actes de leur vivant. Ce qui n'est pas le cas de beaucoup d'opportunistes dans nos contrées.
Dernièrement, un ami m'a rappelé une citation de Nietzsch qui s'applique bien sur eux : " que d'hommes se pressent vers la lumière , non pas pour mieux voir, mais pour mieux briller". Puissent nos jeunes ne suivent pas leur mauvais exemple.

jeudi 10 mai 2007

Aouli-Mibladen: le plomb ne s'est pas mué en or.

1907 – Mr A. Brives, explorateur et professeur à l’université d’Alger est le premier à révéler les gisements de plomb de Mibladen.
1912 – Déclaration de la société sous l’appellation « minéralisation de la haute moulouya ».
1926 – La société des mines d’Aouli est fondée par la compagnie d’Afrique du nord.
La prospection couvre les gites de Sidi Ayad, Aouli-mibladen, Sidi Said et Ansgmir.
1931-1935 – Arrêt d’exploitation (crise mondiale).
1936-1942 – Reprise d’exploitation.
1942-1945 – production en veilleuse (2è guerre mondiale).
1945 – La société minière et métallurgique Penaroya prend la direction de l’exploitation en association avec les Banques de l’Union Parisiennes de Paris et des Pays Bas, Kulman, le BPPM et le bureau minier de la France d’outremer.
1958 – L’exploitation minière de la région permet la découverte de la mine de Zaida, ce qui augmente l’intérêt minier de la région.
Les sociétés atteignent des sommets de productivité. Les effectifs d’ouvriers sont importants, la main d’œuvre marocaine, selon Raynal, pour 40% d’origine locale Ait Izdeg d’Outat et Ait Oufella ; le reste est originaitre des Ait Seghrouchen, de Talsint , des Ouled Khaoua et des Ait Izdeg de Rich.
1958-1975 – Midelt vit sa période des vaches grasses, avec une économie prospère.

Les habitants de Midelt, à cette époque, croyaient à l’adage « le temps présent est gros d’avenir. » Malheureusement la grossesse était nerveuse et Midelt n’a pas suivi les autres villes marocaines dans leur marche en avant. Le plomb ne s’est pas mué en or.
Au début des années 80, fermeture définitive du dernier puits de la mine à cause de la mauvaise gestion et de la diminution du cours du plomb.
Sous d’autres cieux, des mines comme celles d’Aouli-Mibladen auraient été transformées en site historique pour préserver un patrimoine national et surtout pour la mémoire des hommes. (Résumé tiré des « Esquisses historiques de Midelt »

samedi 5 mai 2007

A mon ami Majid Blal, écrivain et poète.


Ton beau recueil, rédigé en pure français, n'est pas le pure produit d'une culture étrangère, il est irrigué par la source de l'imposant ksar de ton enfance Tachaouite. On retrouve dans tes délectables sérénades , cher ami, le déterminisme, les rythmes profonds et l'immaginaire collectif du poète berbère (amediaz) de l'Atlas. On y ressent la nostalgie, le sentiment de solitude et le besoin d'appartenance d'un exilé en occident. Cette double appartenance est étayée,également,dans l'un des paragraphes tiré de ton roman " femme pour pays", édité en 2000:" le transit. Je suis dans mon élément. Nulle part, entre la-bas et ailleurs. Entre deux rivages, un bateau fantôme qui cherche le phare.Sans quai pour accoster entre le Maroc et le Quebec..."
Par ailleurs, une étude de ton ouvrage ne manquerait pas de relever que tu es fin conteur de plaisanterie cocasses . Dans "femme pour pays", tu as fait la part belle aux femmes et surtout à Maradia, l'héroine de l'ouvrage. Tu as utilisé pour ton oeuvre, comme trame de fond,l'environnement de Midelt, son climat, ses paysages et la vie de ses petites gens.
Cher Majid, tes oeuvres escomptent une étude critique fine à effectuer par un homme de lettre, ou un critique littéraire, et je ne suis ni l'un ni l'autre . Je suis un simple lecteur qui constate que tu n'as pas eu, en tant qu'écrivain et poète, la place que tu mérites au Maroc, en général, et à Midelt , en particulier.
Enfin, je te propose le blog sublime d'un nouvel ami, Mr Patrick Hierard, qui a passé une partie de son enfance à Midelt et régions. Tu retrouveras son attachement, presque charnel, à Midelt et à sa culture berbère. "Pas-à-pas se fait notre chemin."
Au fait qu'est ce qui fait la nationalité d'une personne? Le visa, le passeport, ou l'appartenance à une culture?.

jeudi 3 mai 2007

La réalité de la démocratie locale.

Comme c'est le cas de nombreuses régions du Maroc, les conseils communaux de la région de Midelt sont, pour la plupart, formés d'un amalgame disparate de personnes partisanes de toutes les couleurs politiques.
Bon nombre des élus sont recrutés en dernière minute par les partis.
Ils ne partagent ni programme,ni vision d'avenir, ni méthode de travail. Ils n'ont fait aucune étude des potentialités intéressantes et sous exploitées de la région (potentialités économiques, touristiques, culturelles...).
Dans l'écrasante majorité des cas, ces élus ne sont que des marionnettes, dans les mains des grands ennemis de la démocratie. Leur gestion des affaires locales a conduit la région vers un véritable abime .
Maintenant que les politicards corrompus ne sont plus épaulés par le système, les bonnes volontés doivent, plus que jamais, leur déclarer la guerre : c'est la guerre des idées contre l'argent sale, le seul argument qu'ils possèdent. Ce que les bons citoyens doivent défendre est un bien précieux: la démocratie.
Bien entendu les commerçants des élections et leurs clubs défendront, becs et ongles, leur situation actuelle. Ils jouissent, à Midelt et régions, d'une certaine "considération". Les gens serviles leur font encore le baise main.
Ils n'accepteront pas facilement le changement qui va tarire leur source d'argent gagné malhônnetement; il va les priver de leur standing, et il va les faire tomber dans une espèce d'oubli.
Honte à eux, ils ont , pendant plusieurs années, usurpé la volonté des habitants.
Comment osent ils dormir?