dimanche 13 décembre 2009

Ighssan ( les ossements) !où le degré zéro de la culture

Il ya quelques années, des chercheurs de fossiles avaient découvert dans le sous sol de Mibladen (à 10 Km au nord de Midelt) le squelette d’un gigantesque poisson marin. Les profanes parlaient d’un dinosaure marin qui date, selon le géologue local, de la période où la haute Moulouya orientale était sous la mer.
Sous d’autres cieux, cette découverte aurait intéressé les décideurs locaux, régionaux et même le ministre de tutelle.
A Midelt, la découverte du poisson marin est passée sous silence. L’élu de la localité où la découverte a eu lieu n’a même pas daigné aller voir sur place. Sa réponse à celui qui lui en avait parlé était : « mayd rikh adikh sighssan » (je n’ai rien à faire des ossements).
Il ignorait la valeur historique d’une telle découverte , et, qu’avec de tels ossements ainsi qu’avec les fossiles dont regorge la région, il pouvait par exemple, créer un musée qui intéresserait les enfants de la région ainsi que les milliers de touristes qui traversent Midelt chaque année.
A mon humble avis, l’écrasante majorité de nos élus illettrés a besoin dans son travail quotidien de l’apport des intellectuels.
En occident, les intellectuels sont sollicités par les politiques de tous bords, ils n’arrêtent pas de travailler pour les conseils municipaux et même pour les partis politiques qui cherchent en permanence à connaître le malaise de leur pays et à trouver les solutions et de nouvelles idées.
Nos intellectuels à nous, surtout dans les localités rurales, restent hors structure. Ils ont choisi d’être libre et à l’abri de toute contrainte, mais cela ne veut pas dire qu’ils ne pensent pas à leur pays. La majorité sont bénévoles à condition que les décideurs locaux le leur demandent. Sans le concours des intellectuels , les conseils ruraux continueront à tourner en rond.

dimanche 6 décembre 2009

Midelt se métamorphose.


En cette fin d’année 2009, la ville de Midelt est en train de changer de visage. Dans l’un des anciens messages de ce blog, j’avais parlé de l’agonie de cette ville. Aujourd’hui, je peux constater, avec enthousiasme, qu’elle se réanime et sort petit à petit de sa léthargie.
Son passage au chef lieu de province, ses multiples chantiers de mise à niveau en témoignent.

Les potentialités de la région de Midelt sont énormes : elles sont d’ordre agricole, touristique, minier et culturel. Elles ont besoin, pour être mises en valeur, du concours de l’état, mais aussi des bonnes volontés communales et associatives locales.
Pour sortir de l’ignorance, de l’analphabétisme et de la misère qui l’accablent depuis la fermeture des mines, Midelt et sa région ont aussi besoin d’un bon engagement citoyen.
Puisse chacun acquérir la notion du devoir civique et de la conscience sociale et apporter sa pierre à l’édifice.
N.B : Photos de la fontaine récemment construite en face du commissariat. Je l'offre à tous ceux qui portent cette ville dans leur coeur.

lundi 19 octobre 2009

Caravane Médicale.

Pendant la journée du 18/10/2009 le centre socio-éducatif de l’Association Al Amal / Midelt a été le théâtre d’une consultation de masse. Les patients étaient nombreux à profiter du passage d’une caravane médicale humanitaire, venant de Rabat, pour se faire examiner.
Deux professeurs, Seize médecins spécialistes et huit paramédicaux ont été mobilisés par le Professeur Brahim El Gueddari, le Patron de l’équipe, pour cette consultation gratuite.
Nous soulignons que la caravane médicale a réalisé cinq cent quatre vingt dix neuf consultations multidisciplinaires.

Consultations de dépistage du sein et du col : 158 cas
Consultations ophtalmologiques : 257 cas.
Consultations ORL : 110 cas.
Consultations pédiatriques : 59 cas.
Consultations Urologiques : 15 cas.

Les médecins avaient procédé également à la distribution de quelques médicaments.

La directrice de l’hôpital de Midelt a participé activement à cette journée par sa présence et par la mise à la disposition de l’équipe médicale du matériel de sa formation.

Au nom de l’Association Al Amal, je tiens à exprimer mes vifs remerciements au Professeur El Gueddari de l’Institut National d’Oncologie ( Rabat) et à son honorable équipe .
Je tiens à remercier également les autorités locales et les volontaires du Conseil Municipal , aux bienfaiteurs et à la Direction de l’Hôtel El Ayachi pour leur contribution, chacun dans son domaine, à la réussite de cette opération de solidarité. Une mention spéciale pour Melle Hafsa Bechar , l’instigatrice de cette consultation au profit des démunis de Midelt.

mercredi 14 octobre 2009

La Tomate de Tissouit N'ait Sghrouchen



Une mouche appelée par les scientifiques Tuta Absoluta a ravagé cette année des champs entiers de tomates dans plusieures régions du Maroc , ce qui a eu comme conséquence une augmentation du prix de la tomate qui a atteint des niveaux record 15 dh le kg et plus .




Tissouit N’Ait Saghrouchen, une petite bourgade de quelques dizaines d’habitants sise au pied d’El Ayachi , a sauvé la face . Sa production de quelques tonnes n’a pas été touchée par cette mouche mineuse de tomates.



De Juin à Octobre , les paysans de Tissouit dotent le souk de Midelt d’une tomate de bonne qualité. De calibre moyen , non uniforme , couleur inhomogène , un dégradé de rouge, chair épaisse , la tomate de Tissoit est juteuse regorgée d’eau de roche des sources d’El Ayachi. Sa saveur dégage le gout d’une véritable tomate naturelle.



Bravo aux producteurs de cette tomate bio qui ne ressemble certes pas aux tomates rouges calibrées des étales des supermarchés, ces tomates sont très belles mais regorgent de produits chimiques et sont dépourvues de gout.

dimanche 4 octobre 2009

Midelt: une rixe entre juifs berbères

Ancienne photo du Ksar Athmane Oumoussa.

Comme je l’avais mentionné dans l’un des anciens billet publiés dans ce blog, l’Outat ( l’actuelle Midelt) offrait au début du 19 eme siecle une image différente de celles des autres agglomérations bérberes du Moyen et du haut Atlas : Ethniquement, la population était composite : en plus des tribus dominantes, les Ait Izdeg et les Ait Ouafella , il y avait plusieurs catégories d’éléments allogènes : les Iguerouanes, les Ait Seghrouchen, Les Oulad Khaoua, Les Ait Hdidou, les Filalas et les Juifs.


Les juifs Ait Ouafella vivaient dans Ksar Lekbir. Les juifs Zedgui vivaient à Ksar Athmane Ou Moussa et à Ksar Bousmella.


Le Marquis de Segonzag rapportait qu’à la fin du XIXè siècle : « les juifs ont une situation exceptionnelle chez les Ait Izdeg et les Ait Ouafella ».


Les témognages oraux des anciens Outatiens nous rapportent qu’ils avaient des rapports de bon voisinage avec les juifs qui vivaient avec eux dans les Ksars suscités. Les juifs Zedguis et Afellaouis étaient fellahs et possédaient les terrains qu’ils travaillaient eux-mêmes ou qu’ils faisaient travailler par des khemas (métayers au cinquième).


Une source orale , un vieil homme de Ksar Tamoussa Ouâlit nous rapporte qu’il avait assisté , dans les années 30 du siècle passé, à une rixe entre les juifs Zedguis de Bousmella et ceux de Athmane Oumoussa. En quelques minutes la bataille s’engageait , l’honneur des deux ksars était en jeu. La bagarre entre les deux clans s’était produite non loin du sanctuaire du Saint Sapharide , Moul El Kaf. Toujours, selon notre source, des coups de Bouheba (ancien fusil) étaient échangés.


Alerté, l’Amghar de Athmane Oumoussa arrivait en trombe sur son mulet, agita sa tarrezet ( turban) pour annoncer qu’il venait en parlementaire. Quelques minutes après, tout était entré dans l’ordre.


Les raisons d'un tel déchainement ? notre source pense qu'il s'agissait d'un problème d'honneur. La rixe avait été brève.


Ce qui concordait avec ce que disent les Imazighen : « chez les Imazighen, la colère est comme la flamme, vive et brève, la rancune est comme la braise, invisible mais durable. »

samedi 26 septembre 2009

L'Ecrivain Majid Blal honoré à Sherbrooke.



Notre ami Majid Blal a eu l'honneur et le privilège d'être le récipiendaire du Prix REMI ( Reconnaissance Mérite Emigrant) 2008, de la ville de Sherbrooke / Canada , pour la personnalité artistique de l'année. La reception a eu lieu au cours d'une cérémonie solennelle le 29/11/2008.


Sachant que ce Mérite honorable doit flatter tous les Mideltis , j'ai tenu à le communiquer à tous les lecteurs du blog, tout en réitérant à notre ami Majid toutes nos sincères félicitations.


Bravo Majid pour ton riche travail intellectuel, ta bonne plume et tes analyses pertinantes qui ont fait , et qui font toujours , de toi, l'une des crèmes de Midelt et de Sherbrooke.


N.B : La publication de la bonne nouvelle a été retardée, le blog était squaté par "Aicha Bassou".

dimanche 13 septembre 2009

Médiocrité des téléfilms ramadanesques.

Dans notre pays beaucoup de choses avancent ces dernières années, mais d’autres reculent. Parmi celles ci, la culture. Nous assistons à un mutisme intégral de nos intellectuels.
Nous traversons une période d’inertie culturelle et intellectuelle sans précédent. Le résultat est que tout cafouille. Plus aucune idée à discuter. Nos partis politiques ne communiquent plus avec les jeunes. Grand nombre d’entre eux ne font que partager les portes feuilles et viser des places au soleil.

Notre télévision, qui est sensée porter notre cher Maroc vers le monde de la modernité, œuvre dans la médiocrité, l’approximation, la mauvaise improvisation et la production bâclée. Elle reste spécialiste dans le travail de « belmiz » (expression dialectale signifiant « approximativement). Elle oublie que ce qui se joue sur la scène est destinée à toute une communauté. Cette communauté que forment les téléspectateurs. Elle oublie également que la scène, comme le dit Brecht : « apparaît comme le microcosme de la société à laquelle appartiennent ses spectateurs. ».

Le microcosme que nous présente notre télévision, en ce mois sacré de Ramadan, n’a pas coupé avec l’ancienne méthode de « qdi haja » (laisser aller). Au lieu d’apprendre à nos enfants à respecter le droit d’autrui et à verser dans l’honnêteté, la rectitude et l’altruisme, elle leur inculque, par ses navets, une éducation de la jungle en leur apprenant à être « des loups pour éviter d’être dévoré par d’autres loups ». Elle fait, dans l’écrasante majorité des films qu’elle produit, l’éloge de la richesse ostentatoire et d’un monde où seul l’argent compte.

J’espère que notre télévision cesse de nous présenter ses cafouillis, et qu’elle coupe avec ses méthodes dépassées de « qdi haja » et de « belmiz », qui ont causé et causent encore des dégâts dans plusieurs domaines dans notre pays. Elle devrait mieux miser sur le sérieux et l’exigence.

NB : les lecteurs assidus de « Aicha Bassou » trouveront la fin de l’histoire dans le livre qui paraitra dans quelques semaines.