dimanche 16 mars 2014

Midelt- Pariez gros sur cette ville!


Après la fermeture définitive des mines d'Aouli, Mibladen et Zaida en 1985, la ville de Midelt glissa tout doucement vers un marasme économique grave. La petite ville n'a pas su préserver l'élan de dynamisme et de modernité qu'il a eu la chance d'acquérir au moment de l'exploitation de ses gisements de plomb. "Le plomb ne s'est pas mué en or".

Les mideltis se sentaient abandonnés. Pendant des décennies, la ville dégageait un acre parfum d'ennui et de poussière. L'agonie touchait tous les domaines. Plus de 300 habitations étaient en vente après la fermeture des mines. Les constructions stagnaient. Plusieurs commerces fermaient.

Le mètre carré de terrain se vendait à des prix dérisoires. Les infrastructures de base manquaient, l'assainissement ne touchait pas tous les quartiers de la ville. L'électricité n'était pas généralisée et tous les habitants ne bénéficiaient pas de l'eau potable. Le BMH recensait au centre de la ville, en cette période, plus de 120 puits qu'elle traitait à l'eau de javel afin d'éviter les maladies hydriques fréquentes.

La ville comptait de nombreux retraités des mines dans la grande majorité était atteints de la maladie professionnelle contractée au fond des mines: la silicose.
Chez les jeunes, le déseuvrement tenait lieu de philosophie. La majorité passait la journée aux terrasses des cafés maures. Le seul sport qu'ils pratiquaient était le chuchotement des secrets. On savait tout de chacun et tout de suite. " Un gramme de benjoin suffisait à encenser toute la ville."

Les vieux déçus de la situation catastrophique de leur ville ne cessaient de répéter les mots qu'ils attribuaient à Abderrahmane El Majdoub et que Mme Amina Aouchar a attribué à une chef de tribu qui avait nomadisé dans la région il y a quelques sciècles:
" Sir a blad outat,
 Allah ijâal bladek rih
ou rbiâak chih,
 oulli fik âamrou mayrih!"

" Oh pays d'Outat,
que Dieu fasse que ta terre ne soit que vent,
que ton herbe ne soit qu'armoise
et que tes habitants ne trouvent jamais de repos!"

Les optimistes, eux, s'attendaient au changement de leur ville, ils disaient que "Midelt n'attendait que son homme". Ces derniers ont gagné. Son homme est arrivé. Depuis que sa Majesté le Roi, que Dieu l'assiste, a fait son entrée officielle à Midelt en 2009,
La chiquenaude tant attendue a eu lieu. Cette honorable visite royale a mis notre ville sur les rails du développement. Midelt est aujourd'hui un chantier ouvert, des projets de grande envergure, dans presque tous les domaines y voient le jour. La ville sort désormais de son agonie. C'est une ville qui a beaucoup d'avenir .

Pariez Gros sur Midelt! Pariez sans crainte! C'est une ville qui monte

samedi 8 mars 2014

Hommage à toutes les femmes!

A l'occasion de la journée de la femme, je tiens à partager avec les lecteurs du blog, ce billet traçant le portrait d'une femme amazigh de la haute moulouya orientale. Portrait tiré de ma fiction " le monde de Aicha Bassou"

.....Mes Amis, vous allez faire connaissance, ce soir, d’une campagnarde dont tout le monde loue la sagesse. J’ai entendu parler d’Aicha Bassou depuis mon plus jeune âge sa renommée dépasse les frontières de sa tribu. Elle est ici comme l’Amghar* de l’endroit très écoutée par la population......

......Mes parents étaient des gens comme on en fait plus, tous les deux d’une forte carrure. Une sélection de la nature. J’étais la troisième d’une fratrie de cinq enfants, un garçon et quatre filles, sans compter les enfants morts nés.

Mon père était passé maitre dans l’art de cultiver les champs et de s’occuper de l’écurie. Il cultivait lui même ses terres, donnait à manger aux bêtes. Il buvait le lait de ses chèvres et on ne l’avait jamais vu aller au souk avec un sac sur l’épaule pour acheter le blé. Il entretenait avec beaucoup de zèle son cheval, c’était sa fierté. Il faisait partie des valeureux cavaliers de la tribu.
Aicha Bassou se plaisait à évoquer cette époque. Elle continua : Après le décès accidentel de mon frère et le mariage de toutes mes sœurs, mon père me consacra tout son temps libre. Jamais il ne revenait des champs ou de la forêt sans s’informer d’abord à mon sujet. Il m’avait appris, que Dieu ait son âme, à marchander au souk, à m'occuper de l’élevage des ovins, à manier le fusil "Bouchfer" avec dextérité. Il avait fait de moi une cavalière hors pair. Il m’avait appris à rivaliser avec les meilleurs cavaliers de la région. J’avais participé à des fantasias régionales, à Tizi N’Imneyn chez les Ait Ayach et à Igr N’Jamaâ à Aghbala, chez les Ait Soukhman. Dans Tassrebt (l’équipe de cavaliers) des Ait Bassou, il y avait toujours à côté de moi mon futur mari, le père d’Ali. Nous étions jeunes et beaux, j’avais à cette période l’âge de Tasekourt. J’avais moi aussi, la même taille fine à cet âge, les mêmes cheveux châtains et la même ardeur de vivre.

Aicha marqua une pause et soupira profondément avant de continuer : mon père n’avait jamais fait de différence entre les garçons et les filles. J'ai appris avec lui à m’imposer à la gent masculine.

Quant à ma mère, elle me chérissait également, elle avait fait de moi la fille laborieuse :Tamhrouchte*, une experte en matière de travaux ménager et ceux de la laine. «  J’ai eu leur bénédiction, que Dieu ait leur âme!