dimanche 29 juillet 2007

Les Marocains sont optimistes.


Selon un sondage Américain 67% des marocains sont optimistes(voir aujourd'hui le Maroc-27/07/2007). Ainsi, et selon ce même sondage, mené dans 47 pays: l'opinion publique des pays les plus pauvres est significativement plus optimiste à propos de l'avenir de ses enfants, alors que l'opinion publique des pays plus développés parait voir son avenir en gris. Pessimistes, la majorité des citoyens de l'Amérique du Nord et de l'Europe de l'Ouest estiment en effet que la génération future sera encore moins lotie que l'actuelle génération. Pour une fois, je suis entièrement d'accord avec un sondage américain. Le monde occidental, en dépit de ses richesses faramineuses, est accablé par la morosité. Chez nous, nos concitoyens sont moins touchés par la déprime en dépit de la nécéssité.
Dans notre pratique quotidienne, la prescription de médicaments antidépresseurs ou anxiolytiques reste rare, au moment où les européens investissent chaque année des sommes colossales dans les médicaments déstinés à traiter ces affections.
Notre société attachée à ses racines traditionnelles jugule la déprime, l'angoisse et le désespoir par un remède à la portée de tous: la cohésion familiale et la chaleur humaine. Chez nous, surtout dans les compagnes, l'individu ne cherche pas ses propres réalisations. Il partage, et c'est sécurisant.
Le fumier qui fortifie la morosité et le manque de gaieté en occident est l'égoisme et la recherche des plaisirs éphémères. En occident, c'est le triomphe de l'individu sur la famille. Et c'est ce qui pousse les gens à la rumination qui leur fait regretter hier et craindre demain. Le marocain, optimiste de nature, même dans les situations difficiles, ne prononce jamais la phrase:" je vais craquer, je n'en peux plus". Il dit toujours "lhamdoulillah"(louange à Dieu)

jeudi 26 juillet 2007

Souvenir d'Aghbala: "taqarit" n'khalti Mouna.


Nos mères et nos grand mères nous préparaient "taqarit": un petit pain bien rond. C'était notre joie journalière. A l'époque, il n'y avait ni pâtisserie ni crémerie.
Taqarit était le cadeau extraordinaire que les vieux avaient imaginé pour faire plaisir aux petits.
Khalti Mouna Said, une vielle femme sympathique, dont la maisonnette , en pisée, était accrochée au flan de Tabarjit, n'avait que sa bouche à nourrir. Elle était assez aisée . Elle possédait une vache!Elle aimait faire plaisir aux enfants du quartier. De temps en temps, j'avais droit à sa taqarit dont l'odeur unique est toujours enfouie quelque part dans mon cerveau olfactif. Je la ressens encore aujourd'hui en écrivant ce message. L'écriture sert aussi à cela. Elle fait ressusciter les souvenirs et les odeurs.
Taqarit de khalti Mouna n'avait rien à voir avec celle de nos mères et de nos grand mères que, elles, cuisaient au four du quartier. La sienne , elle la cuisait dans son four à main:" almessi". Elle la retirait du kanoun et la bastonnait pour la débarrasser des cendres; et nous la remettait toute chaude . Et si c'est notre jour de chance, elle la tartinait de beurre frais "talebict": un vrai délice.
Hommage à Khalti Mouna Said, ce noble coeur de l'Atlas qui naquit, vécut et mourrut
à Aghbala qu'elle n'a jamais quitté.

lundi 23 juillet 2007

Les laveuses de laine d' Afella N'Ifran.



Afella n'ifran est le deuxième site pittoresque de Ksiba, après celui de Taghbalout N'Ouhlima. Jeunes, nous aimions la source de ce haut lieu panoramique, nous aimions son eau limpide et toujours glacée. Nous préparions nos examens sous les ombrages des majestueux saules pleureurs et des figuiers sauvages d'Afella n'ifran.
Je ne peux évoquer Afella n'ifran sans me rappeler la voix ensorcelante de deux jeunes filles qui battaient leur laines sur les pierres de la source en chantant, à gorge déployée, la première chanson de Rouicha: "a bibiou sghouy", la forêt leur faisant écho , c'était poignant. Mon ami et moi, nous avions fermé nos cahiers et nous nous étions postés dans un endroit discret où nous pouvions nous délecter de leurs mélodies langoureuses sans être vus.
Leur mère, qui nous paraissait toute contente des prouesses de ses filles, continuait à battre la laine en faisait semblant de ne pas prêter attention à ce qu'elles faisaient.
Elles avaient terminé leur mélodie par l' izlan qui chante la beauté des lieux: " afella n'ifrane ayi ghuda oumalou" (afella n'ifrane : lieu des ombrages par excellence). C'était la belle époque où la chanson n'était pas "h'chouma".

samedi 21 juillet 2007

Le festival occulte des rabatteuses de voix electorales


La sonnette de l'entrée retentit. Hadhoum ne bouge pas. Elle répond "chkoun?" ( qui est ce?)
La sonnette tinte de plus belle, accompagnée de coups de poing sur la porte. Hadhoum court vers la porte et se retrouve en face de Aicha Jaaouaqa. Une femme obèse, elle est décoiffée, son visage est luisant, elle porte une djellaba noire sans capuchon et des souliers d'homme. Elle fait la bise à Hadhoum comme si elles se connaissaient de longue date, et entre, telle une furie, en coup de vent dans la maison sans y être invitée. Elle commence à pousser des youyous et prononce des mabrouk à haute voix. Hadhoum, surprise par cette intrusion l'invite à s'asseoir au salon......

"Tenez, chez l'ex président, c'était moi qui m'occupais de la pastilla. Chez l'Hajja lalthoum et chez d'autres. J'ai l'habitude, vous comprenez? Dans les grandes familles, la plupart du temps on fait appel à moi. La pastilla, ça me connait. Car voilà 10ans que je ne fais que cela.
-Madame Aicha, vous voyez que nous ne sommes pas une grande famille. Nous sommes des gens modestes. Nous ne préparons pas ce genre de plats, et je ne vois pas pour quelle raison nous changerions aujourd'hui.
Jaaouaqa s'excuse du dérangement et sort la mort dans l'âme.
Ikhlef qui a tout entendu eclate de rire: " j'ai entendu votre conversation. Cette femme ne préparait pas seuleument la pastilla chez l'ex président . C'était sa rabatteuse de voix électorales dans les quartiers démunis de la ville. Des parasites, comme elle, tu en verras à la pelle."( voir Hadhoum- roman publié par M.Mouhib en 2004).

En cette période pré-électorale, les rabatteuses de voix sont pratiquement actives ,partout dans les quartiers démunis. Les candidats sans scrupules les utilisent comme intermédiaires avec les électeurs misérables non pas pour exposer leur programme( car ils n'en ont pas), mais pour les amadouer et acheter leurs voix à quelques dizaines de dirhams. Bien entendu , ces intermédiaires reçoivent une ristourne pour chaque voix achetée. Ells sont toutes contentes de leur commerce rentable pour lequel elles sont rodées depuis longtemps et contre lequel l'arsenal des lois électorales n'y peut rien. Un véritable festival occulte qui revient tous les 6 ans et qui échappe à la vigilance des autorités terrestres.

mercredi 18 juillet 2007

Casbah des noyers de Midelt.


L'Outat, ou l'ancien Midelt, est ravissante par son paysage verdoyant et ses ksours comme on n'en fait plus. C'est un chapelet d'une trentaine de ksours tous splendides: la casbah des noyers est telle une émeraude au milieu de ce chapelet. C'est un lieu pittoresque, toujours vert traversé par des séguias intarissables. Les officiers français avaient remarqué la beauté des lieux dès leur arrivée dans la région à la fin des années 20. C'etait dans la casbah des noyers qu'ils recevaient leurs invités officiels; comme en témoigne ce passage tiré d'un article paru dans SALAM-n°150, écrit par Gean Moris Thouvenot, petit fils du lieutenant Amédée Cagnat, nommé par le Général Lyautey à Midelt en 1924. ".... les officiers des A.I nous ont emmenés à une Diafa près de la casbah des noyers. Il n'y avait pas de route , un petit chemin suivait le petit oued. Tout à coup, les mokhaznis sont entrés dans un couloir taillé dans les rochers, nos chevaux suivaient le sentier qui serpentait au milieu des lauriers et de jasmin. Les hommes se sont mis à chanter une mélopée; c'était poignant. La diafa fut servie sous les noyers..."
La tradition orale nous rapporte que les lieux étaient également prisés par les caids Ait Izdeg et Ait Ouafella.
Aujourd'hui, je crois que si la région a un créneau dans lequel elle aspire percer pour se développer et bien prospérer , c'est bien le tourisme. Je suis presque certain qu'une nouvelle dynamique se créerait à Midelt avec le ré-aménagement des sites pittoresque de l'Outat: ksar samoura, ksar Athmane ou Moussa, Tabenaatout et la casbah des noyers. Il y aurait également de nouveaux postes d'emploi. Il est certain que les touristes etrangers et locaux seraient tout enchantés de venir voir ces hauts lieux touristiques ensorcelants.

dimanche 15 juillet 2007

les canons de beauté amazigh.


L'amediaz a su poétiser par ses vers la beauté féminine amazigh. Dans sa poésie, on trouve les paramètres des canons de la beauté qui n'ont rien à envier aux règles des spécialistes occidentaux. Ces derniers s'inspirant de la sculpture grecque.
Au même moment qu'ils improvisent les mots d'amour que les hommes amazigh, par pudeur, n'osent pas prononcer à leurs belles, les imediazen chantent la beauté de la femme. Ils se sont intéressés à toutes les parties du corps.
La beauté du visage : "issahel bu udem izill adi tuzar...."
Les beaux yeux : "izem aberbec agga uraanc ghuri..."
La taille fine et la sveltesse : " aneyk lked anyk tiddi...." "atiddi ntemlelt..."
La finesse de la bouche : " atekmut uburi.."
La peau tendre et laiteuse : " akid cen lehlib umlil itessi..." " aya hdadi abu lhena nudar..."
La démarche gracieuse : " aya hmam umlil azin awa.."
L'amazigh, conscient qu'aucune beauté n'est exempte de défauts, préfère que la future épouse soit travailleuse et bonne ménagère(tamehruct). Il accorde à cette qualité (lehracit) plus de valeur qu'à la beauté physique. La femme amazigh est d'ailleurs élevée depuis son bas âge dans cet esprit.

jeudi 12 juillet 2007

Les chiens errants du col du Zad.


En allant d'Azrou vers Midelt, quand vous arrivez au Col Du Zad (2178 m), vous avez un spectacle insolite: une vingtaine de chiens errants qui s'installent l'un éloigné un peu de l'autre, le long du tronçon de la route qui traverse le col.. Chacun, dans son périmètre qu'il respecte de façon disciplinaire. Ils paraissent attendre le passage des routiers ou la venue d'un touriste . Plusieurs les nourissent, encourageant ainsi leur présence sur ce beau site qu'est la cédraie du Col du Zad.
Aucun chien ne piètine sur le territoire de l'autre. Leur défilé est toujours impressionnant.
Comment se partagent ils le territoire? D'où viennent ils? Pourquoi le Col du Zad?
Fuient ils les villages avoisinants pour ne pas tomber sous le coup de l'article du code rural qui stipule que tout animal non reclamé doit etre abattu ?
Le "sitting civilisé" qu'ils tiennent au pied des majestueux cèdres du col ne signifierait il pas une demande de refuge pour chiens? Notre région n'en possède en fait pas, et il serait temps d'y réflechir pour que l'on ne dise plus de nous sur des forums qu'au Maroc les chiens sont traités comme des chiens.

lundi 9 juillet 2007

Aghbala de mon enfance.


Aghbala est un village berbère en plein moyen Atlas. A 1930 m d'altitude, non loin d'El Ksiba (68km), et à 120 km de Béni Mellal. Entouré de forêts il est très souvent couvert de neige; et cela n'a pas empêché la secheresse d'y sévir. Aghbala de mon enfance (années 50) était très beau avec son jardin central bien entretenu, sa piscine propre, son abreuvoir unique, son souk bien ordonné, ses arbres ornementaux et ses jardins toujours verdoyants irrigués par des cours d'eau intarissables. Au moins cinq rivières entouraient Aghbala: source de Moulouya, Takoust, Ouends, Ouirine et source d'Oued El Abid.
Enfant de 9 ans j'ai pêché mon premier barbot à Ouends et j'ai assisté à la pêche à l'anguille aux sources de Moulouya. Joie inoubliable.
Notre maison se situait près d'aghbalou au pied de Tabarjit, ce rocher gigantesque qui surplomb Aghbala. Il est plein de grottes où vivaient, parait il, les premiers Ait Soukhmane.
Nous, les enfants d'Aghbala, en particulier ceux de l'entourage de Tabarjit allions jouer dans ces grottes, mais aussi à Iyer n'Jamaâ. Vous en souvenez vous Oukajan, Aâmar, Oumerhoun, Ousfiya, Ouhessou, Mkeyssi, Smaili, Zouhri, Ait Hmida, M'haouchi...?
Nous laissions nos jeux Quenyoufer, tighilt, takourt quand nous entendions l'appel de la sympathique vielle femme qui traversait les ruelles étroites du village et qui criait "ha t'ibaouin ayichiren!". Elle nous vendait les petits pois cuits à la vapeur. C'était succulant.
La nature luxuriante d'Aghbala en cette époque nous gâtait de ces friandises multiples et gratuites: tabgha, taqqa, iderren, guizguiz et les noix. Il y avait deux grandes rangées de noyers à l'entrée du village.
Tout le monde se connaissait à Aghbala. Le nombre de famille était encore réduit. Nous étions élevés dans une ambiance de tolérance, de sécurité et de joie.une enfance pleine de tendresse.

vendredi 6 juillet 2007

l'hospitalité marocaine: "tinnubga".


Comme tous les marocains, les habitants de Midelt sont fortement attachés à cette qualité ancêstrale qu'est l'hospitalité. Ils la traduisent par "t'âam": nourriture.
Le voyageur, surtout dans les ksours, est considéré comme l"hote de Dieu"(anbyi n'rabi).. Son arrivée est un honneur auquel toute la famille est sensible. Il est accueilli par la formule classique: "m'rehba"(sois le bienvenu). Dans la région, laisser un hôte attendre plus qu'il ne convient dehors est une incorrection grave. On lui présente ce qui est immédiatement disponible. Le thé, comme chez tous les marocains, est toujours présent dans les traditions d'accueil. C'est le symbole de l'hospitalité marocaine.
L'hospitalité est sacrée chez les habitants de la région. Ahmed Skounti , dans un document, sur l'hospitailé berbère, publié en 2006, nous raconte la légende suivante concernant l'hospitalité sacrée chez Ait Merghad:" un homme d'un lignage sain de Tazarine, dans le Saghro, était arrivé parmi les Ait Merghad de l'Imedghas. Personne n'ayant voulu l'accueillir, une pauvre femme prénommée Louhou l'invita chez elle et sacrifia en son honneur un agneau. Le lendemain, l'homme, qui ,en fait, était un saint nommé Sidi Abderrahmane, demanda à voir la peau de l'animal. Il la frappa d'un coup de bâton et l'agneau, non seuleument ressussita, mais se transforma en un gros mouton. En signe de gratitude, il transmit à son hôtesse ses pouvoirs sacrés. Depuis, celle ci est appelée "imma Louhou Tafquirt".
Pour devenir "Ajemaâ"(conseiller) dans les tribus d'Outat d'avant le protectorat, être hospitalier était l'une des conditions nécessaires. La demeure du conseiller devait être "Takhamt n'Tâam" c'est à dire celle où l'on reçoit largement les invités.
L'hospitalité n'est pas limitée aux gens aisés. Pour recevoir les personnes importantes ou un groupe de visiteurs, les habitants du ksar égorgent un monton ou plusieurs selon leur possibilité. Ils se partagent les charges de reception. Soit qu'ils les assument à tour de rôle, soit qu'ils donnent chacun sa part de vivre.
Repousser les invités était considéré comme une honte et une humiliation que même les plus pauvres ne peuvent supporter.
Vincent Monteil, raconté pâr Ahmed Skounti, avait écrit en 1962, sur son guide sur le maroc:" l'hospitalité marocaine est proverbiale", "raison de plus pour ne pas en abuser". Et cette dernière citation de Monteil s'accorde parfaitement avec le proverbe marocain qui dit : " l'arbre chargé de nids meurt avant les autres".

mardi 3 juillet 2007

Chasse de la panthère.


Après le diner, autour du fourneau (almessi) où brulait un véritable tronc de génévrier (taqqa) qui dégageait une odeur agréable.... Lefdil et ses amis, exigeait de Moha Ou N'Barch, leur hôte, de leur raconter l'étrange et invraissemblable aventure qui avait fait date dans la région: l'histoire de la panthère. C'était quelques années avant l'arrivée des français dans la région. Tout en racontant fidèlement son récit, l'Amghar préparait le thé. Assis en tailleur, il mit une petite poignée de thé dans la thèière ( berrade), enleva le papier qui enveloppait le pain de sucre le cassa avec un petit marteau en cuivre ( m'terqa), il mit quelques morceaux de sucre , remplit le berrade d'eau bouillante et le posa sur le braséro en terre cuite ( mejmer). Pendant que le breuvage infusait, il continuait: " l'hiver était très dure, la neige tombait sans arrêt pendant plusieurs jours de suite. Les portes des maisons étaient bloquées, on sortait par les lucarnes des toits. Pendant cette période, une panthère affamée descendait dans le ksar. Elle avait dévoré la vache de Aicha Tihit, une vieille femme habitant seule à l'entrée du ksar".
L'Amghar souleva le couvercle de la théière pour ajouter un bouquet d'absinthe (chiba). L'assistance, silencieuse, attendait avec impatience la fin de l'histoire. L'Amghar resserait son turban (terrezt)sur le crâne en continuant son récit. Le lendemain du carnage, j'avais suivi la trace du félin. Je savais qu'il était dans les parages? peut être dans un enclos abandonné du ksar. J'avais placé Aicha Tihit chez moi et improvisé une traque; la vache, à moitié dévorée, avait fait l'affaire.
J'avais ordonné à mes deux fils et un autre chasseur Ali Ou Ali de prendre leurs fusils et de me suivre. Nous avions encerclé l'enclos où c'était passée la scène".
L'Amghar rangea les verres, en demi cercle dans le plateau, passa la main sur sa barbe et continua. "Il faisait un froid abah! La nuit était noire. J'avais conseillé à tout le monde de se mettre en affût, dans la direction du reste de la vache, et de faire attention avant de tirer. Le tir ne devait être que devant". N'Barch versa un peu de thé, gouta et le reversa dans la théière."Imssous". Il ajouta un morceau de sucre et reprit en riant aux larmes. Et savez vous ce qui se passa par la suite? demanda t il. Les invités ne savaient quoi répondre et hochèrent de la tête. "Mes trois compagnons, expliqua t il, qui en avaient marre d'attendre dans le froid et le noir entrèrent discrètement dans la chambre de Aicha, et s'en dormirent à point fermé auprès d'almessi. Et tous les convives partirent d'un éclat de rire. Quant à moi, continua N'Barch, je finis la nuit aux aguêts. A l'aurore, la panthère revena achever son repas. J'avais pris de grandes précautions pour l'approcher et tirer; et je ne l'avais pas manquée. C'était une grande joie. Elle pesait 65 kg. Et comme on dit," à chaque travail son salaire" , j'ai vendu dernièrement sa peau à un officier français au prix d'une vache!!!.
Tiré du roman "Hadhoum" publié par M.Mouhib -imprimerie Fedala-2004.

dimanche 1 juillet 2007

La bataille de Tazizaoute (2).


Ayant réduit la résistance de Moha Ou Hammou Zayani, celle de Moha Ou Said N’Ait Ouirra , la résistance de Sidi Rehou des Ait Seghrouchen et celle de Abdelkrim El Khattabi dans le nord les Français avaient les mains libres pour réduire la résistance du Haut Atlas Oriental et ses régions. Le Général Huré, commandant supérieur des troupes au Maroc, dirigeait personnellement les opérations. Il avait installé son PC à Boumia(voir montagnes bebères- Said Guenoun).
Le 16 Aout 1932, le Général Huré met le groupe mobile de Meknès , commandé par le Général Des Buissons, sous les ordres du Général De Loustal.( Pacification de l’Atlas Central - page 332).
Pour accomplir sa mission , toujours selon les archives françaises, De Loustal disposait de moyens énormes .
- Le groupe mobile de Tadla
- Le groupe mobile de Meknès
- De milliers de Goums et de mercenaires des plaines.
« C’était la première fois que l’on faisait, au Maroc, appel à des effectifs de partisans aussi considérables, écrivait Huré dans ses mémoires ». Toutes les tentatives faites par les officiers des affaires indigènes pour entrer en relation avec Sidi EL Mekki étaient demeurées vaines.
Les guerriers de Sidi El Mekki combattaient avec entrain, courage et mépris de la mort. Huré disait d’eux à la page 80 de son travail sus cité : « les guerriers de Sidi El Mekki étaient nombreux bien armés faits d’une autre pâte que de celles des autres guerriers de la région…. »
Dotés de vieux fusils Bouchfer mais aussi de fusils plus modernes Lebel, les résistants qui possédaient une facilité de déplacements parvenait à infliger de lourdes pertes à l’ennemi (page 336-« pacification du Maroc »).
Les combats acharnés avaient duré 3 semaines et la résistance héroïque des tribus rebelles des Ait Soukhmane et du Haut Atlas Oriental cessa la 2è semaine de septembre 1932, avec la réédition de Sidi El Mekki.
La guerre de Tazizaoute est toujours bien vivante dans les souvenirs des vieux de la région. Ils racontent, avec beaucoup de précision et d’émotion, les nuits terribles sous les bombardements d’artillerie et le bruit infernal des avions. Ils s’abstinent à croire que sans l’aide des tribus rivales, des Goums et sans le bénéfices de « Tiaras » (avions) les français n’auraient pas gagné.
On ne peut conclure ce chapitre sans rendre hommage aux vaillants guerriers de Sidi El Mekki qui avaient combattu avec bravoure pour défendre la liberté millénaire des berbères de l’Atlas et qui restent anonymes. Leurs noms ne sont gravés sur aucune stelle. Et leur bataille « T’in Tzizaoute » ne figure sur aucun manuel scolaire. L’histoire les a ignorés.