Depuis bien longtemps déjà, j'entendais parler de Moha Ou Chrif, et j'avais bien envie de faire sa connaissance. Malheureusement, c'était un grand voyageur insaisissable, hier là bas, aujourd'hui ici, et Dieu sait où demain.
Cette nuit, quand le téléphone a sonné je venais juste de m'endormir et j'aurais volontiers envoyé au diable l'importun. J'avais même eu la tentation de ne pas répondre; après tout j'aurais bien pu n'être pas là, j'avais eu une journée harassante. Pourtant, je me retrouvais, nu-pieds sur le carreau froid, à moitié endormi:
- Allo! C'est l'officier du poste de krouchen qui me signale qu'un "rekkas" vient de lui apprendre que dans un petit hameau de la vallée de Srou, en limite avec le cercle de Khénifra, un âne avec son passager, un enfant, était tombé dans un ravin cet après midi. Le garçonnet a une jambe cassée et, parait il, en très mauvais état. Il n'avait aucune autre information.
- A vous de juger si vous devez vous déplacer.
- Bon, il n'y a pas à hésiter, une fracture peut être ouverte, c'est une urgence, surtout dans ces régions d'élevage avec les risques de tétanos, de plaies suppurentes, d'ostéomyélite etc....
- Bon, j'arrive.Mais de grâce ne me faites pas faire le vétérinaire pour le bourricot à cette heure!
Krouchen est à environ 60 km d'Itzer. La piste est médiocre et dangereuse à partir de Tizi n'ghechou.
Un coup d'eau fraiche sur la figure et je passe par le jardin pour aller réveiller Moulay Driss, qui en grognant un peu, sort les cantines ad hoc.
Il est plus de onze heures et demi quand nous quittons Itzer par la piste de l'Aguerssif. Comme d'habitude, je conduis et Moulay sommeille à côté, calé par son burnous plié en quatre contre la portière de la Land rover.... - à suivre-.
Tiré du témoignage de Dr Maxime Roussel, médecin qui a exerçé la médecine de 1949 à 1975 dans différents postes du bled puis en ville dans le cadre de la santé publique.
4 commentaires:
Bonjour Dr Mouhob
Comme toujours ces histoires dans le bled me passionnent, j’aime a travers les textes respirer l’air sec et vivifiant du Maroc,
Je n’ai aucun mal à imaginer le récit, kenifra, itzer je connais ……….
J’attends avec impatience le suite
Amicalement
Bonjour Adbib,le rebouteux était au même temps un Ahjam et un Abidar (circoncise nos enfant, castre et cautérise nos bêtes).Cette pluralité de métiers en plus de l'origine ethnique ( ouchrif, ou taleb, agourram...) et des conditions géographiques de notre région ont fait de lui un être insaisissable, parfois même par les siens. Mes hommages à tous ces gens qui ont essayé de soulager les maux des êtres vivants dans l'univers même au dépens des leurs. Mes amitiés. Dahri
bonjour Patrick,le contact entre un médecin dr Rosselle qui a laissé son empreinte dans la region de Midelt où il a pratiqué dans les annees 50 avec un rebouteux connu dans la region m'a beaucoup impressioné ;c'est rare de voire un medecin moderne discuter avec un tradipratitien.ça me fait plaisir que le post vous interesse.amities
Bonjour Dahou amejjay les tradipraticiens comme Moha ou chrif existent toujours dans la region ,comme tu le sais la medecine moderne n'a pas supplanter totalement la medecine taraditionnelle dans nos contrees;et c'est le contact confraternel entre les deux medecines qui m'a intersseé. Par ailleur je suis d' accord avec toi le tradipraticien est souvent pluridisciplinaire.Salut
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