mardi 25 septembre 2007

Aghbala: la grande neige de 1960.


De la petite fenetre de notre maison nous observions un beau spectacle. Aghbalou et ses jardins le grand abrevoir et le mausolée de Sidi Mohamd Ou Said étaient sous de gros flocons de neige ( ibeliichen). Pas une ame qui passe. Un grand silence règnait , il n'est rompu que par quelques braiments des anes. C'était en 1960, je devais avoir 9 ans. J'ai dit à mon frère cadet: " encore la neige ce soir, j'adore!" . Nous adorions la neige pour plusieurs raisons: le fait de ne pas aller à l'école et pour l'ambiance de détente à la maison.
Les parents avaient pris la précaution de faire une bonne provision de bois et de victuailles.



Ma mère nous faisait des plats divers, à base de lentilles, de fèves ou de fénugrec(halba). Elle nous préparait souvent, aussi, du couscous avec de la viande et les abats séchés et salés (l'gueddid et l'kourdess). On mangeait nos repas à meme le bol autour d'u grand feu près de la cheminée. C'était simple et savoureux. A cette époque à Aghbala, il n'y avait ni télévision ni éléctricité. Nos longues soirées d'hiver étaient animées par des veillées autour du feu, à la lueur d'une lampe à essence. Le temps paraissait plus long qu'il ne l'était en réalité. Nos parents et grand parents nous racontaient, dans une ambiance extraordinaire, toutes les anciennes légendes en plus des banalités de la vie. Les histoires qu'ils nous racontaient mettaient en scène l'ogresse, le chacal, l'hyène , Aicha kandicha, bghelt arouda, etc....
Le souk ne s'est pas tenu pendant plusieurs semaines, il n'y avait ni légumes ni fruits, et meme si la famille nous préparait de bons repas , on éprouvait du plaisir à manger les glands ( iderran) grillés au feu de la cheminée.
L'hiver de 1960 était un hiver long et froid, plusieurs tonnes de neige sont tombées sur le village. Les ruelles étaient effacées et les gens marchaient au pif. Le ravitaillement dans le village commençait à manquer au bout de quelques semaines, et le soleil n'a démarreé la fonte des neiges que tardivement.



Les Aghbaliens n'ont poussé le soupir de soulagement que lorsque le graisseur du grand camion de Mohamed Ou Benaceur Jamali couleur olive donna le signal à ce dernier pour voyager et chercher les denrées alimentaires. - "Roule!".

12 commentaires:

Pas a pas a dit…

Bonjour Dr Mouhib
Je me souviens de cet hiver, j’ai même une anecdote
Nous revenions de Meknes et avions été coinces comme de nombreuses personnes, par la neige au retour au col
Les ouvriers de mon père connaissant bien la région et ne le voyant pas revenir sont partis de Midelt avec les 2 4x 4 de la ferme
Ils nous ont trouvé vers 5 h du matin, pour nous ramener à la ferme
Et vers 9h mon père et quelques ouvriers tracteurs, caterpillard, et pelle deniveleuses
Les ouvriers ont ramenés ainsi les naufrages de la route à Midelt
Devinez qui il y avait parmi eux ……………….. « madame Ford, la patronne des voitures »
Authentique, j’en parlerai dans le livre
Amitiés
Patrick

S.Abdelmoumène a dit…

Bonjour Dr,

Tu me surprendras toujours, la belle photo de la lampe 51 me ramène aux années 70 et même 80 quand mon père commercialisait des lampe de ce genre, je m'en rappelle encore les marques : Petromax, Anchor, Radius, Olympus. Aux années 80 elles valaient entre 150 à 200 Dhs et elles étaient très demandées parce que très pratiques et peu coûteuses pour le service qu'elles rendaient. Bien des écoliers grâce à leurs lueurs sont devenus des lumières et ont brillé de mille feux à l'âge adulte.
Merci Si Med pour ses moments de bonheur que tu nous procure à chaque fois à travers tes récits.

Majid Blal a dit…

je me souviens par bribes de ces tempêtes de neige souvent mortelles à Tounfite et dans ses environs. Les toits surtout qui s'éffondraient sous le poids de la neige sur les chaumières. Pour nous les enfants, c,étaient des occasions en or de rester confinés à la maison en sirotant le filet de"Bissat errih" que les radios à transistors déversaient autour du fourneau pendant que les mamans épluchaient les légumes pour les repas suivants. Home sweet home!

AKOUJAN a dit…

salamualaikum Dr. Mouhib, Bonjour mes amis. Ramadan karim.
En rejoignant le beau blog de Si Mohamed, je tombe sur un autre article qui me catapulte dans un monde que j'ai vécu à plein sens et qui fait partie des souvenirs majeurs de mon enfance.
Cet hiver-là, on ne pouvait pas sortir de la maison. On déblayait la neige des toitures deux fois par jours. Elle s'accumulait dans les rues, autour de notre maison, et finalement son épaisseur dépassait la hauteur des murs. Lorsque les vivres, les allumettes, le bois, s'épuisaient chez des voisins, ils n'avaient de ressource que de pratiquer un étroit tunnel pour parvenir à la porte d,en-face et requérir, ou offrir des choses.
Lorsque la neige, qui tombait sans arrêt, offrait un répit aux gens, on essayait de communiquer avec les villages voisins. Des habitants arrivaient à El-Qbab méconnaissables, comme des bêtes sorties d'un long hivernage.
Profitant d'une accalmie, mon père se hasarda un jour dehors pour aller voir si sa boutique n'avait pas subi de dégâts. Il se fraya difficilement un chemin entre le mure et la congère et s'assura que tout allait bien. Mais au retour, il vit quelque chose bouger à la surface de la neige en jetant un curieux regard par-dessus la masse blanche qui recouvrait le souk d'Iguer n'ljam3. Il se dit qu'il s,agissait peut-être d'un oiseau malade. Mais... en regardant bien, il s,aperçut que c'étaient des doigts humains!!!
Il se précipita, dégagea la neige et découvrit un jeune garçon profondément enfoncé dans la neige. Il le retira agonisant de son trou glacial. Au fond du trou, il y avait un papier journal renfermant un peu de thé vert, et une bouteille contenant une lampée d'huile.
Mon père porta l'enfant sur ses épaules, et lutta courageusement pour le faire identifier auprès des gens du quartier. Il le ramena ensuite à sa mère, Itto Thami, une pauvre veuve sans ressource dont c'était le fils unique. Elle offrait de temps à autre ses services aux mères de familles et en tirait sa subsistance.
Le bonhomme s'en est sorti avec un bon bôle d'Ahrir chaud, et un bon sommeil au coin du feu...
Il est actuellement établi en France, marié à une française, et il compte parmi les riche émigrés d'aghbala.
Cet hiver-là, inoubliable, ne se répétera peut-être plus jamais en raison de l'oeuvre perverse des hommes qui ont réussi à dérégler le climat. Sa rudesse fut suivie d'une récolte exceptionnelle, et de la résurgence d'innombrables sources insoupçonnées.

Bien content de vous retrouver... je suis au pays, et j'aurais incha Allah l'occasion de revoir Si Mohamed Mouhib pour remuer bien des souvenirs de notre enfance.
Salam

Dr Mouhib Mohamed a dit…

bonjour Patrick;merci pour la belle anecdote que j'aimerai lire sur ton livre ;avec peut etre un titre attractif commre"Mme ford au col du zad" ou bien" Mme ford chez les Ait izdeg"(c'est le nom de la tribu autochtone de Midelt).Amités

Dr Mouhib Mohamed a dit…

Bonjour Salah ,tu retiens tj le prix et les marques de ces lampes !bravo .C'est à la lueur de ces lampes que j'ai effectué mes exercices à la maison au cours de mon primaire à Aghbala.Un bon souvenir .Salut

Dr Mouhib Mohamed a dit…

Bonjour Majid c'est vrai que la meme tempete de neige de 1960 avait touché Tounfite et sa region ,les anciens de Tirghiste que j ai pu questionné lors de l'une de mes consultation me disaient que la neige avait enseveli le village et que les gens sortaient par les lucarnes de leur maison et qu' il y avait des morts.Amitiés

Dr Mouhib Mohamed a dit…

Salam Si Acoujan ,ramadane karim;bon retour au Maroc et bon retour egalement dans ta blogsphere;tes commentaires minutieux nous manquaient.
ca me fait vraiment plaisir de te retrouver,j'espere egalement avoir l'occasion de te revoir.Par ailleurs ton commentaire donne plus de renseignements sur cette grande neige que le poste meme l'histoire de l' enfant enseveli sous la neige et sauvé par ton honorable pere est exta ordinaire.salam

Pas a pas a dit…

bonjour dr mouhib
il y aura un passage sur cette fameuse année 60,et l'anecdote de Mme ford
j'aimerai aussi reprendre le temoignage de Akoujan s'il me l'aurorise,mais je n'arrive pas a me connecter sur son blog,je n'ai pas son adresse
c'est au travers de votre blog que je lui en fait la demande
amities

Unknown a dit…

salut je suis d aghbala et ce que je viens de lire m'a vraiment touchè c est bien

Unknown a dit…

salut je suis d aghbala et ce que je viens de lire m'a vraiment touchè c est bien

Unknown a dit…

salut je suis d aghbala et ce que je viens de lire m'a vraiment touchè c est bien