dimanche 7 octobre 2007

Les fiançailles d'Aguedoud - Par M.Akoujan.

Il est vrai que,le manque de liquidité aidant, les gens n'avaient l'occasion de faire des achats importants qu' aux grandes occasions,à la fin des récoltes.C'etait alors l'occasion des mariages organisés en une manifestation collective,populaire.
Les familles venaient requerir "la Baraka" de leurs saints,dancer des jours durant et profiter des festins.
La plus impotante de ces fetes était celle de l'Aguedoud,la fete annuelle,en l'honneur et en souvenir du Saint Sidi Hmad Oulmghenni.
A cette occasion chacun mettait dans l'obole populaire ce qu 'il pouvait , qui un mouton et qui une chèvre ou un bouc.C'était la fete du riche et du pauvre;une circonstance où les rangs sociaux ne signifiaient plus rien et où chacun pouvait se réjouir de la meme façon que tous.
Les fiancés amenaient leurs élues à la fete .Pour la premiere fois ils dançaient ouvertement l'Ahidouss au rythme des tambourins.Ils formaient des rangs où les femmes ,vetues de leur Tamizart rayée, coiffées de soie noire ,alternaient avec les hommes encapuchonnés et flanés de l'Aqrab en cuir brodé et de l'assfel rouge.On pouvait aisément distinguer les femmes mariées des demoiselles par la forme de leur coiffure:en cone pour les premiéres et en chapeau melon pour les autres.Mais les demoiselles avaient sur les joues un fard plus marqué,rouge cramoisi,les gencives et les lèvres teintées de jaune d'or en machouillant du souak, de l'écorce du noyer.Les cones des dames étaient confectionnés à l'aide d' un épi de mais disposé verticalement,au milieu du crane ,sous le foulard de soie.
Cette distinction entre les dames et les demoiselles permettait aux hommes de faire leur choix sans se tromper.
Il sufisait souvent à l'homme ou à la femme,d'un leger toucher, qui semblait du au hazard -il n'en était rien!-pour manifester son interet pour l'autre partie .Cela avait une trés grande importance.Car ce toucher en une telle circonstance était un aveu,voire une preuve d' amour et d'attachement et une promesse de fidélité.
Il n'était pas rare alors d'entendre une demoiselle ,de temps à autre ,crier pour se faire entendre de tous ,en désignant son élu :
- thaddasdi! thaddasdi ! anmyawal!( tu m'as touchée! marions-nous!)
son élu répondait alors:
- thekhoulidhi! thekhoulidi!( je t'aime à en mourir!)
L' élu ainsi désigné se résignait avec joie,sachant qu' un pacte secret avait eu lieu entre eux deux depuis belle lurette.Les parents intervenaient alors pour officialiser l'union!
L'occasion de l'Aguedoud avait une symbolique de taille:Il fallait faire savoir à tous que les couples étaient bien maris et femmes.
La nouvelle était colportée,de douar en douar, preservant les uns et les autres des qu'en dira t' on et des commérages; Il y aller de l'honneur de chacun,car pour un motif de fièrté et de réputation,quelques fois,des familles entières s'exterminaient!
Les Ait Hdiddou parlaient peu.Mais à l'occasion de l'aguedoud,c'était le tambourin qui devenait leur interprète.
Avec cet instrument à percussion si simple et si antique,on devenait l'artiste qui pouvait dire , crier, rire et pleurer avec son art et son Alloun.D'ailleurs chaque mélopée commençait par ces termes:" Sawl a yalloun inass iwmeddakoul...(parle, oh tambourin! Dis à mon aimée...)"
Mais la manifestation en elle meme ,était un langage collectif que l'on utilisait qu'une fois l'an .Les genies se débridaient.La communion profonde se révélait,et l' on pouvait effacer des causes de conflits, des animositée,et développer des liens durables. Tiré du roman "Le sang de l'oeil" de Mohamed Akoujan.

18 commentaires:

dahou a dit…

Bonjour docteur, Merci si AKOUJAN pour ce vrai titre: "fiançailles d'aguedoud" et non "moussem des fiançailles d'imilchil" adopté malheureusement et d'une manière officielle à cette manifestation qui est Aguedoud n'sidi hmad oulmghanni.Car on a tendance à imaginer un étalage de jeunes femmes à la recherche d'un généteur comme l'étalage des cerises lors du moussem de Sefrou ou de pastèques dans celui du gharb, surtout sur des spots et affiches de promotion élaborés par des gens qui n'ont jamais mis les pieds dans le Maroc inutile.
Mes amitiés Dahri.

Dr Mouhib Mohamed a dit…

Bonjour Si akoujane; j'ai lu ton livre d'un coup,j'ai savouré chaque page .Plus de détails sur mon impression prochainement.Profond respect

dahou a dit…

Je ne peux pas passer sans rendre hommage à SI MOHAMED MOUHIB,qui par son blog constitue une interface entre son lectorat.
Dahri.

Zohra elomari a dit…

Bonjour Mr Dahou;Je suis tout à fait d' accord avec toi sur le fait que le moussem de sidi Hmad Oulmghani a perdu toute son essence ;depuis que sa gestion est passée des mains des Amghar à celles des gens ignorants comme tu dis la région ses us et ses institutions ancestrales .Le moussem a perdu son ame depuis que les jeunes participent à l'Ahidous avec Le djin et la casquette.par ailleurs le post d'aujourd'hui decrit de façon authentique le deroulement de la ceremonie des fiançailles à Agueddoud ,je te propose de lire " Le sang de l' oeil"tu y trouveras beaucoup d'autres choses authentiques sur la region .En outre je te remercie pour ta fidelité et tes encouragements.Amités

Dr Mouhib Mohamed a dit…

pour Dahou ,j'ai repondu avec la connection de mon épouse .

dahou a dit…

Salt cher ami, merci pour le conseil et croyez moi que j'ai décédé de chercher ce roman de Mr Akoujan depuis ma consultation quotidienne de votre blog. Et même à le commander chez "livres service". Amitiés Dahri

AKOUJAN a dit…

Salamualaikum wr Allah,
J'ai rencontré Si Mohamed à l'Agdoud de sidi Ahmad Oulemghenni l'année de son installation à Midelt je crois. Et j'ai eu la joie d'être présenté à Mme Mouhib. C'est dire que ce qui galvanise nos intérêts - la prospection des trésors culturels dans les traditions locales en perdition - c'était de prospecter ce précieux gisement, et profiter du grain avant qu'il ne devienne l'ivraie.
Si Dahou, c'est moi qui vous remercie vivement d'avoir évoqué ces élément destructeurs de nos acquis millénaires. Les besoins primaires ont fait que les gens, de manière absurde, se sont vidés de leur substance en se défaisant de leur identité, bradant ainsi cet essentiel précieux contre le faux clinquant qu'on leur sert, et accélérant de façon inouïe leur déracinement et l'oubli de valeurs sures.
Merci Si Mohamed d'avoir trouvé à ton gout ce que j'ai écrit. Le fait d'avoir lu et apprécié ces phrases, et même d'avoir extrait un passage pour nous le faire partager, me rempli d'aise. Sur cette lancée, je me ferai le plaisir de te remettre des exemplaires que je viens de récupérer, pour les offrir à nos amis du blog...
Je voudrais présenter ici mes hommages respectueux au Dr. Zohra ELOMARI, en me joignant à son commentaire combien éloquent dans l'illustration des métamorphoses négatives des traditions et des us et coutumes. Un Ouhdiddou n'en est plus un à l'heure actuelle. Les influences extérieures, non selectives, anarchiques, non respectueuses de notre patrimoine authentique, ont fait que nos communautés de montagne, jadis gardiennes de ce trésor pendant des millénaires, son maintenant ouvertes à tous les vents, et le processus est, malheureusement irréversible.
Autour de nous, de par le vaste monde, ce sont les nations qui ont gardé jalousement leur culture et leurs traditions qui on évolué et sont à l'avant-garde du progrès.
Pendant les 50 ans d'indépendances, nous aurions du comprendre que la condition sine-qua-non de notre bien-être est la sauvegarde de ces acquis et de ce patrimoine.
Encore merci, et bonne fin du Ramadan.

Pas a pas a dit…

Bonjour docteur Mouhib et M.Akoujan
C’est toujours avec grand plaisir que je retrouve ce blog, que les fidèles partagent
"Les fiancés d'imilchil" tel a été il y a deux mois environ le titre d'un reportage sur les chaînes françaises
Et mon cœur a battu la chamade, imilchil pour moi c'est la légende et la pêche avec mon père
Amitiés à vous deux
Patrick

Dr Mouhib Mohamed a dit…

Bonjour Patrick,
Je savais, à travers votre blog, que vous aimez bien la région d'Imilchil. D'ailleurs, vous avez bien reproduit la légende d'Isli et Tislit.
Bien à vous.

Dr Mouhib Mohamed a dit…

A tous les amis du blog,

Notre ami Majid Blal vient de perdre son cousin , Lahcen Aatany, dans un tragique accident au Canada.

Qu'il trouve ici l'expression de notre compassion.
Toutes nos condoléances à toute la famille Blal et Aatany.

Inna Lillahi wa inna ileyhi rajiaoun.
Mr et Mme Mouhib.

dahou a dit…

Toutes mes condoléances à la famille AATANY et BLAL. KOULLOU NAFSIN DAIKATOU LMAOUT WAINNA LILLAHI WAINNA ILAYHI RAJI3OUN. Dahri.

AKOUJAN a dit…

Salamualaikum
Mes condoléances attristées au frère Majid, et aux deux familles pour cette perte douloureuse.
Qu'Allah agrée le défunt en la mansuétude de Sa miséricorde. Inna lillahi wa inna ilayhi raji3un.

Majid Blal a dit…

Madame Mouhib, Messieurs Mouhib, Akoujane,Hierard,Dahri,au nom des enfants de Lahcen et en mon nom je vous remercie pour votre soutien dans cette épreuve douloureuse.

Malgré la distance votre manifestation a jeté un baume sur nos coeurs meurtris. Dans l'exil on n,a pas de choix que de se rabattre sur les valeurs sures que sont nos amis et nos concitoyens pour soulager nos pèines et partager nos chagrins.

Je profite de cette occasion pour souligner la contribution et l'apport à la famille Aatany par les amis( marocains) de feu Lahcen.
Quand est tombé le verdict divin, la solidarité s,était enclanché automatiquement et avec une rapidité fulgurante.

Par leur présence au quotidien, par la compassion, par leur aide au niveau de la paperasserie, par leur implication dans l,organisation des funerailles ( Mosquée, cimetière, logistique, accueil des condoléances à la maison etc etc etc) ils m,ont réconcilié avec moi même.

J,ai vu que ce peuple est porteur de bonnes valeurs, celles qu'on déplore parfois quand on a l,impression qu'elles sont perdues dans les temps modernes.Même si on se sous estime un brin, qu'on se dévalorise et qu,on s'autocritique durement dans les discussions de café, il n,empêche que dans l'adversité c,est uniquement sur eux qu'on peut compter après le divin.

J,ai fais la paix avec moi-même dans les bras des miens.

Merci beaucoup et que dieu vous garde pour les votres et pour le reste.
votre ami Majid

S.Abdelmoumène a dit…

Bonjour Si Med,

Permets moi de transmettre à travers ton blog mes condolèances à Majid pour la perte incommensurable de Atani que Dieu l'ait en sa sainte miséricorde.

J'ai fait le pont pendant 2 jours et je n'ai pu réagir à temps, je m'en excuse. Je rejoins donc le groupe auquel je rajoute tous les miens pour t'exprimer notre tristesse pour la perte de cet être, inestimable, à nos yeux.

La férule du destin est parfois trés cruelle.

الله ابدل لمحبة بالصبر

AKOUJAN a dit…

Salamualaikum wr Allah,
Voici un extrait sur la Mort, tiré de mon modeste ouvrage "Eclairages de l'Islam", mis à disposition sur Internet, que j'aimerais vous faire partager.

http://www.islamww.com/fr/Eclairages%20de%20l'islam/Eclair10.htm

Dr Mouhib Mohamed a dit…

...Et si nous voulons parfaire cette image, il faudra dire également un mot de l’instant où l’homme quitte ce Monde, c’est à - dire quand survient la Mort.

A-t-il une quelconque possibilité de reculer cet instant ne serait - ce que d’une seconde? Et de dire par exemple: « je ne rendrai l’âme que dans une semaine, dans un mois... », et choisir la date et l’heure où il doit mourir? Naturellement non!

ALLAH (gàL) nous a signalé cette vérité dans bien des passages du Coran.
Ainsi a-t-Il dit à ce sujet:

* Pour chaque communauté, il y a un terme. Quand leur terme vient, ils ne peuvent le retarder d’une heure, et ils ne peuvent le hâter non plus *

( Al-Aâraf, V. 34 )
Extrait du texte que Mr akoujane a bien voulu partger avec les lecteurs du blog sur la mort.Merci Si Mohamed pour ce texte riche d'enseignements.SALam

MOU ouhdiddou a dit…

bravo LR DAHRI..et merci infiniment pour ce mot qui incarne toute une verite sur notre culture nous AIT HDIDDOU .. nous sommes les plus concernes par tous ce qui se dit et qui touche vraiment a notre dignite ..mais malheureusement les hdiddiouis sont tres limites dans leurs manifestations contrariees...Salut MOU OUHDIDDOU.TANGER..

MOHA a dit…

JE SUIS NATIF de TILMI _ 22 km D imilchil_ UN VILAGE DE PURS AIT BRAHIM. JE CONNAIS MR MOUHIB A MIDELT OU J AI GRANDI ET JE L ESTIME BCP AUTANT QUE MR DAHRI QUI EST MON PATRON A MARJAN MEKNES ACTUELLEMENT.J AI HATE DE LIRE A MR AKOUJAN ET J ESPERE LE RENCONTRER A IMILCHIL PENDANT LE MOUSSEM POUR S ECHANGER NOS VUES ET PENSSEES CONCERNANT IMAZIGHEN EN GROS ET AIT YAFLMANS EN PARTICULIER ET PLUS PARTICULIEREMENT LES FIANCAILLES D AGDOUD ET ETABLIR UNE COMPARAISON(opinion oubrahim "op oui3zza.