mardi 21 août 2007

El Ksiba des années soixante.

Campée sur un magnifique cadre montagneux, El Ksiba est une petite ville de la région de Béni Mellal. C'est le chef lieu du cercle comprenant les Caîdat d'Aghbala, Zaouit Cheikh et Tagzirt.
Au collège Moha Ou Said, au cours de l'année scolaire 1964-65, à la première année secondaire, notre classe de 22 élèves, sous la direction des sympathiques professeurs Mr Bruno et Mr Deschenaux avait préparé un livret intitulé " El Ksiba, perle du moyen Atlas"

En cette période El Ksiba était une vraie perle dans un écrin de verdure. La forêt et les vergers la cernaient de partout.
La place du village était très belle, elle se composait en plusieurs parties distinctes.
Au pied de la mosquée, il y avait la grande place faite de gradins superposés où se tenaient une partie du souk. Cette première place était entourée de boutiques bien agencées de tailleurs, de commerçants de denrées alimentaires, de gargotiers et de cafés. Le café de Aami Lekbir dominait la place, et le café qu'il préparait à la traditionnelle dans la zizoua ( cafetière cylindrique avec un manche long) était très prisé par les habitués.
La veille du souk, la place était très souvent pleine à craquer . Jeunes et moins jeunes venaient assister au spectacle des Imedyazen et aux jeux des autres artistes(hlayqiya). C'est dans cette place, aujourd'hui disparue, que nous avions appris les péripéties de Antar bnou Cheddad ainsi que les belles histoires de mille et une nuit contées d'une manière captivante de la bouche d'un vieux kasbaoui .
La deuxième place se situait plus bas . On y accédait par un bel escalier bordé de garde fous en fer forgé. C'était un quartier bien ordonné où les souks étaient regroupés par spécialités.

Les "attara", les "sekaka", les marchands de légumes, les bouchers, les forgerons et les coiffeurs. Les boutiques de ces derniers étaient en face d'un beau lavoir alimenté par une source naturelle appélée "taghbalut n'ihejjamen" (source des coiffeurs). Dans ce lavoir, les hommes lavaient et rinçaient le linge avec les pieds à longueur de journée. Le spectacle était unique.
Plus bas encore se trouvait le "mahrek" ( place de la fantasia). Elle faisait aussi office de lieu de festivités, du souk et de terrain de foot pour nos équipes de quartiers: les Ait Benyoussef, les Ait Oubaâqua, les Ait Hcine et Bouychad.
Autrefois, il y avait des vergers un peu partout aux alentours d'El Ksiba. Ils ont maintenant regressé au profit du béton. Le figuier avec l'olivier et une sorte d'oranger , actuellement disparue , (zanbouâ) représentaient les arbres spécifiques d'El Ksiba. Pendant la saison, dans les vergers de figuiers des Ait Benyoussef, on faisait une véritable cure de regénérescence.
Aujourd'hui l'ancienne architecture des places a complètement disparu. Seules les ruines rappèllent encore cette époque.

16 commentaires:

Hassan EL OMARI a dit…

Bonjour si mohamed,

Merci pour ce retour en arriere à la belle epoque, esperons que les decideurs prennent en consideration ce message et rendent à la place sa beaute d'antan.

Hussa a dit…

Bonjour Dr Mouhib,

Bravo pour l'hommage de feu lekbire, ce modeste homme qui a marque la place d' el ksiba, par son cafe prepare à l'ancienne. Merci pour ce souvenir d'enfance, continuez.

S.Abdelmoumène a dit…

Voici mon nouveau Blog si Mohamed www.agjdi.blogspot.com .

Tu y trouvera le premier épisode de Mehdi Lbantouri dont je t'ai parlé. J'attend tes commentaires

Pas a pas a dit…

bonjour Dr Mouhib
vous semblez avoir enormement aimé cette ville, des souvenirs particuliers
Mais que lui est il arrivé pour etre plus ou moins desertée
ne serais-ce pas aussi malheureusement le lot de quelques villes marocaines?
oui que tous vous entendent et rendent a toutes les villes du maroc la splendeur qu'elles meritent
amities
patrick

dahou a dit…

Bonjour Docteur, ce magnifique tableau d'Elksiba a ravivé en moi les images de la souika de Midelt au début des années 70, avant l'érosion "humaine" et la mode du béton. Une fontaine, hlakis, imadiazens, tadellalt, iaattaren, ait tiyni....
La kissaria de l'autre côté héberge quant à elle les vendeurs de tissus, les tailleurs et les cordonniers. Les métiers de la forge et le fondouk "hotel des bêtes sont un peu loins des deux endroits pour épargner les gens des tintamarres les accompagnant. Merci d'avoir raviver ma mémoire. Dahri

Majid Blal a dit…

bonjour Mohamed
J,ai vécu cet épisode du souk du lundi à Itzer quand j,avais 8, 9 et 10 ans et je connais les magiciens qui disaient " Lisghir oumcha bhalou lah irdi 3lih" parce que nous connésions les trucs des hlaiqia et pire que cela, nous étions avec les jeunes gavroches malfrats des voleurs de pastéques en plein souk. ce que nous consommions derière l'hopital entre vieilles seringues et gaz(fassma). Dellah était bon et les joueurs de Dados( dés dans un verre) perdants avec nous.

Majid Blal a dit…

connaissions

Dr Mouhib Mohamed a dit…

bonjour Hassan merci pour ton passage et pour ton commentaire .amitiés.

Dr Mouhib Mohamed a dit…

bonjour hussa,c'est vrai que feu lakbir a marque toute une generation.Merci de ton passage.Salut

Dr Mouhib Mohamed a dit…

bonjour Salah,bravo pour ton blog,

Dr Mouhib Mohamed a dit…

Bonjour Patrick,c'est vrai que j' ai beaucoup aimé cette ville où j'ai passeé une partie de mon enfance et de mon adolescence ;mon epouse est de ksiba.merci de votre passage.amites

Dr Mouhib Mohamed a dit…

bonjour Dahou ,le souk de Midelt que j'ai connu il y a maintenant 26 ans avait beacoup de ressemblances avec celui de ksiba.merci de ta fidelite .Amites.

Dr Mouhib Mohamed a dit…

Bonjour Majid,j'ignorais ton episode d'itzer ;dellah ,trois cartes,et le dados en plus des halkas etaient notre passe temps des veilles du souk.merci de ton passage, j' attends le nouveau roman avec impatience .

AKOUJANE a dit…

Salam Si Mohamed,
Bien avant l'existence du collège d'El Ksiba, j'ai fait l'école et l'internat primaires de ce beau village, alors que l'école d'Aghbala ne comptait que 2 classes: le CP et le CE1. J'aimais déguster, les dimances d'hiver, le café de Lekbir assaisonné au poivre et à la cannelle... et la soupe des Ait Lharfi. Ca réchauffe. En dehors des cours en classe, on allait faire du jardinage ou apprendre des choses bien utiles à l'atelier (c'est bien dommage que ces activités manuelles et bien concrètes ont disparu des écoles de nos jours). Oui le village était si beau. tout en vergers et en verdure. L'orée du village et celle de la forêt se confondaient. Les activités utiles aux villageois et aux "Irahhalen" qui venaient le dimanche au souk, donnaient une vie à l'agglomération. L'architecture de la mosquée est unique, son minaret était un repère que l'on apercevait de partout.
lorsque je ne m'aventurais pas à Afella n'Ifran, à pied, je louais une bicyclette et j'affrontais la montée vers Taghbalout n'Ouhlima. L'exploit, c'est lorsqu'il fallait redescendre: une bonne semelle à ses sandales devenait vitale car il fallait freiner avec le pied!! Le vélo de location n'a jamais eu de frein installé!
Ta chronique fait renaitre en nous de si beaux souvenirs et fait vibrer des fibres oubliées. C'est en fait un renouveau que je ressens à chaque fois que je lis un nouveau post de toi.
Merci Si Mohamed.

Dr Mouhib Mohamed a dit…

Bonjour Si Mohamed, je vois que nous avons vécu la même enfance, une enfance innocente et insouciante où des petits riens faisaient notre quotidien. C'est vrai qu'on louait les bicyclettes à 4 centimes de l'heure. Les pièces jaunes avaient encore de la valeur. Les semelles de nos sandales servaient effectivement de "pitenates".
Ton sympathique commentaire complète le post. Merci de ce retour dans le temps.
Salam.

BENAMAR a dit…

Salut,j'ai toujours fait appel à mon ami AKOUJAN d'aghbala,j'étais son maître d'internat en troisiéme année secondaire,je suis BENAMAR abdelkrim de tanger.Je me rappelle une fois on est allé voir son grand frére qui travaillait à BENI-MELLAL,il habitait du côté de la préfecture.Je pense à tous mes amis(es) d'el ksiba,aghbala ,zaouiat chikh...etc...