La table des
mideltis nostalgiques n’est jamais vide. A midelt avant la création de la
province, le présent n’avait de sens que célébrant la passé. La ville n’intéressait
que par ce qu’elle a été. Et pourtant, son passé prospère est relativement court.
Il allait de la fin de la deuxième guerre mondiale au début des années 80 (date
de la fermeture des mines). Pendant cette période, Midelt profita des activités
accrues des zones minières de la région : Mibladen, Ahouli et Zaida.
En cette époque,
ces mines de plomb connurent de grands travaux d’aménagement, le cours de plomb
était élevé, la production augmenta, ce qui donna à Midelt un regain d’activité
dans tous les domaines : commerce, constructions… La population de la
nouvelle petite ville était composite, elle était multiethnique et multiconfessionnelle.
Elle se composait de musulmans bérbéres et arabes (marocains et algériens), de chrétiens
français, grecs et espagnols, de juifs mideltis et ceux venant du Tafilalt, de
Gourama, de Debdou, des Ait Ishaq et d’ailleurs. De toutes les tribus
environnantes, les ruraux surtout berbères venaient tenter leur chance, essayer
de trouver du travail dans la nouvelle ville en construction ou dans les mines.
Selon les
statistiques, rapportés par Mme Amina Aouchar*, la population de Midelt Ville
en 1952 était de 4306 habitants dont 730 étrangers.
Tous les témoignages
s’accordent pour donner de Midelt de l’époque une image d’une ville paisible où
il faisait bon vivre. Avant l’indépendance, la sociabilité à Midelt était,
selon mes sources, réelles mais fractionnées par groupe ethnique. Chaque groupe
avait ses barrières invisibles. Les chrétiens vivaient entre eux, ils se recevaient
beaucoup, organisaient des pique niques vers le château du lac à Aguelmam N’Sidi
Ali ou au bord du fleuve de la Zaouia Sidi Hamza et à l’Insgmir. Ils
organisaient des parties de chasse, dans les forets de Tounfite, celle d’Itzer
et dans la plaine du Dahra. Beaucoup d’entre eux évoquent encore aujourd’hui,
avec émotion, la belle vie qu’ils ont eue à Midelt et région. Dans leurs écrits
ou dans leurs commentaires sur les blogs Mideltis, continuent toujours de vouer
pour cette ville un amour et un attachement qui résistent aux vicissitudes du
temps et de l’éloignement.
De leur côté, les
juifs avaient leurs réunions, leurs fêtes religieuses, leur pèlerinages sur le
tombeau du Saint local, « Moul kaf » ou des saints régionaux. Dans un
témoignage sur la toile, un juif midelti dit : « les juifs de
Tachaouite, le samedi après midi, quand il fait beau, se réunissent à Moul Kaf.
Et pendant les cérémonies de mariages juives, on emmène la nouvelle mariée à la rivière d’Outat.
Les musulmans vivaient
également entre eux, ils fréquentaient leur café maure, leur hammam, leur souk
et aussi le seul cinéma de la ville. Le « Coq d’or », l’ « Occidentalis »
et les autres cafés de la nouvelle ville étaient animés au moment du
protectorat par une clientèle chrétienne assidue. Avant l’indépendance, peu de
musulmans fréquentaient ces cafés. Les chrétiens dansaient entre eux, sauf rare
exception.
Après l’indépendance,
l’ambiance dans la ville de Midelt et dans les mines changea. Les Français qui
sont restés dans la ville ne voyaient plus les autochtones avec l’œil de l’occupant.
La sociabilité devient réelle.
La nostalgie d’une ville est ancrée dans la tête de ses anciens, de ses poètes, de ses écrivains. Bienque j’ai atteint l’âge nostalgique (bientôt 32 ans de vie à Midelt), je laisse le soin aux écrivains qui portent cette ville dans leurs cœur de dire un mot de cette période chère à leur esprit et à leur cœur.
8 commentaires:
Chaque fois que je revenais voir Midelt...Je ne pouvais m'empêcher de remémorer les lieux où j'ai vécu petite enfant et mes petites amitiés d'enfance.Du haut de la maison où nous habitions,je pouvais admirer la marche quotidienne des militaires,les gens qui passaient, Aïcha Pachtiha la porteuse d'eau,Äkkou le juif à l'esprit simple,Lalla l'Kbira qui traînaient toujours derrière elle sa ribambelle d'enfants sans but précis...
La vie était simple à Midelt.J'avais de petites amies Amazighs, Arabes et Juives.Nous aimions à jouer ensemble à la poupée de chiffons...Des chiffons que nous allions récupérer de chez les tailleurs de la kissariya,qui ne rechignaient pas pour nous offrir de bons petits morceaux de tissus brillants et qui faisaient la joie des petites filles que nous étions.
Nous aimions aussi aller cueillir les mûres sucrées des mûriers qui peuplaient l'allée de la route qui mène vers l’hôpital...Nous en rapportions plein les pans de nos robes ...C'était le bon vieux temps!
Bonjour docteur Mouhib
Comme toujours j’aime vos écrits
Je ne sais si c’est du fait même du travail de mon père (responsable du Paysannat), mais je n’ai pas eu dans ma jeunesse Mideltis l’impression que les communautés « vivaient entres elles » ou alors faisions nous parti des exceptions
Je parlais l’arabe et le berbère, des l’age de 6ans, tant mon père était impliquée dans cette ville, je suis allé avec les juifs fêter leurs saints,
Par contre il est vrai que pour une grande partie, la religion de chacun faisait aussi que les communautés fêtaient séparément leurs religions
Mais jamais, je n’ai vu ou eu l’impression de la moindre animosité entre les communautés
Je me souviens de blagues entres juifs et musulmans au paysannat qui a l’epoque (1965) faisaient rire les gens et qui aujourd’hui dans un autre contexte déclencherai des « problèmes »
Midelt c’est ma jeunesse et je suis très content de ce qui lui arrive aujourd’hui
voicimon tres modeste temoignage
A bientôt
Bonjour Afifi Amina,
Merci pour ce commentaire sympathique qui enrichira sans aucun doute le chapitre que je compte réserver dans mon prochain travail' nostalgiques de Midelt.)
Bien cordialement,
Bonjour Patrick,
Je sais bien que vous portez Midelt dans votre coeur Comme en témoigne les nombreux passages consacrés à cette ville dans votre livre, je comptais après votre autorisation, mentionner quelques uns dans mon prochain travail ( Midelt, clin d'oeil historique et culturel)
Amitié,
bonjour docteur mouhib
il n'y a aucun probleme pour citer mon livre et quelques passages, au contyraire, je suis flaté
tres amicalement
patrick
bonjour docteur mouhib
il n'y a aucun probleme pour citer mon livre et quelques passages, au contyraire, je suis flaté
tres amicalement
patrick
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