dimanche 22 janvier 2012

FEU ROUICHA a trépassé pour allumer des brasiers ailleurs : Par Majid Blal


L'OUTAR EST TRISTE, L'OUTAR EST DEVENU ORPHELIN!

Feu Rouicha, tu avais allumé le brasier de la culture marocaine avec ton Outar et la lumière des étincelles risque de nous réconcilier avec nous mêmes!
Au-delà des gouts musicaux. Au-delà des clivages identitaires et des perceptions biaisées de certains modernismes qui refusent et méprisent l’authentique, il y a le constat de l’apport de Rouicha.

Au-delà des particularismes régionalistes, linguistiques, claniques, tribaux, il y a des marocains qui se reconnaissent dans leurs artistes qu’importent d’ou ils émergent. Quartier, montagne, plaine, ville, campagne…
Au-delà de ces complexées de l’histoire qui ne valorisent les leurs que s’il y a boomerang par le label occident et de la certification « Produit reconnu par les pays clinquants », il y a les connaisseurs de la trame marocaine.
Ce genre de sans personnalités qui ont attendu que le Jazz fasse du « Gnaoui » un genre respectable pour qu’ils l’adoptent dans leurs mœurs et lui donnent la stature dans leur appréciation, n'est souhaitable que comme exception.
Je n’impose rien ni culpabilise personne. Je constate que certains marocains ne reconnaissent la valeur de leur patrimoine que si l'occident leur en dit du bien, que si l’occident le leur dit…Je ne parle pas des gouts et des couleurs où chacun peut vaquer à sa guise...
Rouicha devrait être une icône de l’appartenance au pays des Atlas, un symbole exhibant un patrimoine dans le quel s’identifient toutes les composantes de la société.
Une fierté de tous les enfants de ce pays qui voient un chantre de la culture incarner leur Maroc pluriel. La spécificité de la phrase musicale de Rouicha empreinte de Marsaoui comme de plusieurs autres apports locaux, n’est que le fruit d’un mÉtissage en cours depuis si longtemps avec le reste de l’humanité
Rouicha n’est pas uniquement le chantre d’un genre musical ni d’une ethnie, ni du moyen et du haut Atlas. Il était l’aboutissement d’un combat pour se faire une place dans le cœur de tous.
Ce serait de mauvaise foie, malhonnête et surtout suffisant d’en faire uniquement le chantre de l’amazighité. Le représentant troubadour d’une partie de la population non citadine,… Penser ainsi c’est lui accoler un statut réducteur, lui concéder et le confiner dans une reconnaissance minimaliste, méprisante et méprisable.
Rouicha était autant à l’Outar que ce qu’était Ravi Shankar à la cithare. Comme ce dernier, Rouicha ne mérite pas plus qu’un statut national pour la dimension identitaire des marocains et un statut d'artiste universel pour la dimension musicale et culturelle.
Alors si vous êtes marocains(es), ne me dites pas Winekh ! Comme un clin d’œil complice et complaisant mais dites moi Winekh où vous êtes inclus(es) comme référence à un particularisme commun, qu’on met au service de l’universalisme.
Rouicha le symbole d’un Maroc qui veut se débarrasser des démons de l’essentialisation par la Musique.
Adieu Rouicha, on t’aimait bien
Salut l’Artiste, je t’aimais bien
Sherbrooke le 17 janvier 2012

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