lundi 1 août 2011

Saîd Guennoun- l'auteur de " la Montagne Berbère" - suite

Dans la cinquième partie de son livre « la montagne berbère » - (Edition du Comité de l’Afrique Française, Paris 1929- ) Saîd Guennoun retrace toutes les phases de la « pacification »du pays des Ait Oumalou (versant nord de l’Atlas) à partir de 1914 jusqu’en janvier 1926, moment où s’achève l’occupation du pays des Ichequirn et où lui-même, à son grand regret, devra quitter cette région. En effet, dès l’occupation d’El Kebab, en mai 1922, il en était devenu chef de poste. Après avoir rempli les mêmes fonctions, non loin de là, à Ait Ishaq, pendant deux ans.

Il aime passionnément ce moyen Atlas, où, sans doute, il se sent chez lui, d’autant plus que Hadda, sa campagne, est une très jeune berbère de Krouchen.
Le succès de cette publication – qui obtient le prix Montyon en 1930- l’entraine à se mettre en travail pour préparer un nouvel ouvrage, la voix des monts, édition Oumnia, Rabat 1934. C’est presque son journal de bord de 1921.
A El Kebab, Said Guennoun , en tant qu’officier des affaires indigènes, aménage le territoire qui lui est confié, traçant des pistes, construisant une école et des bâtiments administratifs, rendant la justice etc…
Proche des gens dans leurs travaux agricoles comme dans leurs fêtes, il représente pour la population une troublante énigme : il incarne l’autorité de la France et, en même temps, il se dit berbère et musulman.

Certains de ses officiers supérieurs savent reconnaitre les qualités de cet officier français, resté berbère, ainsi quel le déclare cette citation de 1924 : « officier de renseignement de tout premier ordre, dans la profonde connaissance de la langue et des mœurs berbères, jointes aux plus belles qualités d’audace et d’énergie, a rendu à l’œuvre de « pacification » sur le front Zaiane des services inappréciables.
Par contre, d’autres officiers n’ont pas compris l’énorme avantage que représente chez lui, cette culture berbère, et cette proximité de ses frères de race. Ce sont ceux sans doute pour qui le militaire prime où ignore le politique. En tout cas, moins d’un an après l’hommage rendu par la citation de 1924, le futur général De Loustal qui veut l’écarter de son secteur, le condamne : « il a un commandement très personnel et une tendance à s’émanciper…il peut être un très bon agent, à condition que ses chefs ne se laissent pas influencer par lui…

Profondément affecté par le départ forcé du Moyen Atlas, Said Guenoun prend, dans sa maison de Meknès, une permission d’une année après laquelle il rejoint son nouveau poste dans le nord, près d’Ouazzane. Plus tard il sera nommé à Séfrou, en 1928, puis à Itzer où il retrouve les montagnes qu’il aime et où il écrit en 1938 « la Haute Moulouya », véritable monographie de la région. C’est là où il continue également sa recherche sur la culture et la littérature berbère.

En 1939, Said est muté à Meknès, c’est là dans sa petite maison qu’il meurt le 25Fevrier 1940, ayant professé devant témoin sa foi musulmane et légué ses affaires à sa fille qui vit à Khénifra. On l’enterre selon sa volonté formelle dans le cimetière qui s’étend au près du tombeau de Sidi Mohamed Ben Aissa, le célèbre Cheikh El Kamel.
FIN

NB : Texte tiré des notes de Michel Lafont.