dimanche 11 mai 2014

Paul Chatinières - Le premier médecin affecté à Midelt en 1924.




Un livret qui m'a été offert par Mr Flacher Jea Pierre, m'a permis de faire la connaissance de Paul Chatinières (1884- 1928) , médecin militaire qui avait choisi d'exercer dans notre pays, au moment du protectorat et qui est décédé en 1928 à Taroudant lors d'une épidémie de typhus.

Ce médecin, tombé sous le charme de l'Atlas marocain était également grand photographe et écrivain de talent comme en témoigne son livre «  Dans le Grand Atlas Marocain » dont on trouve de larges extraits sur la toile.

Selon le travail de Geneviève Quirini Duckerts, c'est en février 1924 que Dr Paul est affecté comme médecin chef sanitaire du territoire de Midelt. En cette période, Outat, l'ancien Midelt, contient 2500 âme. Et la résistance contre l'occupant, se cristallisait dans les montagnes du Haut Atlas Oriental, région de Midelt.

Dans un témoignage du médecin général inspecteur Levy :   Dr Paul Chatinières....... «  il obtint dans cette région difficile des résultats les plus féconds et les plus durables, il s'attira si bien l'affection des indigènes. Son nom devint si populaire qu'il pouvait circuler sans aucune escorte... »

Il faut noter que l'un des objectifs des médecins militaires dans ces contrées difficiles étaient la prévention et la lutte contre les épidémies de typhus, de choléra, par l'enseignement aux populations des mesures d'hygiène et également par la vaccination, surtout contre la variole qui faisait des ravages dans notre pays en cette période.

Selon d'autres témoignages, Dr Paul apportait ses soins aux populations d'Outat dans l'infirmerie ( actuel local des sapeurs pompiers). Il se familiarisait avec la langue et les coutumes berbères.
Toujours selon Mme Quirini, l'époque Midelt aurait pu être heureuse pour la famille Chatinières si le destin n'avait basculé. Le bébé Jean Marie Joseph, né le premier mars 1926 meurt quelques mois plus tard le 30/8/1926.

Par ailleurs, il faut signaler qu'en 1926,  quatre premières sœurs franciscaines sont arrivées à Midelt. Deux d 'entre elles furent affectées à l'infirmerie sus nommée.

vendredi 4 avril 2014

Les Mines d'Ahouli-Mibladen- Le revers de la médaille: La silicose.


La silicose est une maladie pulmonaire qui se développe à la suite d'inhalation de particules de silice dans les fonds des mines, et aussi, dans d'autres métiers (les sableurs, les ouvriers en céramique etc..).
C'est une maladie professionnelle irréversible.

 Les symptômes de la maladie :
- Insuffisance respiratoire se traduisant par un essoufflement au moindre effort se compliquant de pneumopathies à répétition et souvent de tuberculose pleuro-pulmonaire et, à la longue d'une insuffisance cardiaque et pouvant être le lit d'un cancer pulmonaire.

La radiographie pulmonaire permet de porter le diagnostic en mettant en évidence des opacités rondes disséminés dans les deux champs pulmonaires.

La silicose se développe après l'exposition  à la poussière de silice après plusieurs années. Il existe des formes accélérées après l'exposition de quelques mois. Le seul traitement de la silicose est la transplantation pulmonaire. La prévention reste le moyen le plus efficace contre cette maladie incurable.

Au moment de l'exploitation minière à Mibladen- Ahouli, les moyens de prévention étaient inexistants, ce qui fait que le nombre de silicotiques et de décès par la maladie étaient considérables.

Aujourd'hui, pour diminuer la prédominance de cette maladie, la médecine de travail impose les mesures suivantes: limiter l'exposition à la silice, diminuer l'empoussièrage par l'aération et l'installation d'un aspirateur sur l'outil de travail.

La France ne reconnait la silicose comme maladie professionnelle qu'en 1945. A Midelt , la direction des mines d'Aouli-Mibladen attribuait la symptomatologie pulmonaire constatée chez les ouvriers à la tuberculose .Il a fallu la défensive du Dr Louis Tonellot pour reconnaître qu'il s'agissait d'une maladie professionnelle; la silicose:
 Voilà son témoignage tiré de sa brève monographie qui m'a été adressée par mon grand ami Dr Maxime Rousselle.

 " En 1947, les servitudes de ma profession m'amenèrent à prendre un poste à Midelt où je devais rester jusqu'en 1953, à une vingtaine de kilomètres environs, se trouvaient les mines d'Aouli. Dans le cadre de mes consultations, je fus amené à examiner d'anciens ouvriers. Je ne pus que constater d'indéniables affections pulmonaires. Niant l'évidence avec une mauvaise foie consommée, les cadres de la mine assuraient qu'il s'agissait là de cas de tuberculose. N'étant pas d'accord, je sollicitais l'avis des spécialistes, lesquels confirmèrent sans hésitation ce que je pensais; à savoir que nous avions belle et bien affaire à des cas de silicose. Un problème de taille se posait bien évidemment, car cette affection en ce temps là, n'était pas reconnu officiellement au Maroc. Et les dirigeants de la mine, comme on peut s'en douter, n'avaient aucun intérêt à ce qu'il le fut.
Face à ma détermination, à vouloir imposer la vérité sur cette question, proposition me fut faite, d'être muté sur un poste de choix. Inutile de dire que je refusais de la manière la plus catégorique et je n'acceptais mon déplacement que lorsque le diagnostic que j'avais établi fut finalement confirmé en 1953, entraînant la reconnaissance officielle de cette maladie."

Je tiens à rendre un  hommage posthume à la détermination de ce grand médecin pour le service énorme qu'il a rendu aux nombreux ouvriers atteints par cette maladie.


dimanche 16 mars 2014

Midelt- Pariez gros sur cette ville!


Après la fermeture définitive des mines d'Aouli, Mibladen et Zaida en 1985, la ville de Midelt glissa tout doucement vers un marasme économique grave. La petite ville n'a pas su préserver l'élan de dynamisme et de modernité qu'il a eu la chance d'acquérir au moment de l'exploitation de ses gisements de plomb. "Le plomb ne s'est pas mué en or".

Les mideltis se sentaient abandonnés. Pendant des décennies, la ville dégageait un acre parfum d'ennui et de poussière. L'agonie touchait tous les domaines. Plus de 300 habitations étaient en vente après la fermeture des mines. Les constructions stagnaient. Plusieurs commerces fermaient.

Le mètre carré de terrain se vendait à des prix dérisoires. Les infrastructures de base manquaient, l'assainissement ne touchait pas tous les quartiers de la ville. L'électricité n'était pas généralisée et tous les habitants ne bénéficiaient pas de l'eau potable. Le BMH recensait au centre de la ville, en cette période, plus de 120 puits qu'elle traitait à l'eau de javel afin d'éviter les maladies hydriques fréquentes.

La ville comptait de nombreux retraités des mines dans la grande majorité était atteints de la maladie professionnelle contractée au fond des mines: la silicose.
Chez les jeunes, le déseuvrement tenait lieu de philosophie. La majorité passait la journée aux terrasses des cafés maures. Le seul sport qu'ils pratiquaient était le chuchotement des secrets. On savait tout de chacun et tout de suite. " Un gramme de benjoin suffisait à encenser toute la ville."

Les vieux déçus de la situation catastrophique de leur ville ne cessaient de répéter les mots qu'ils attribuaient à Abderrahmane El Majdoub et que Mme Amina Aouchar a attribué à une chef de tribu qui avait nomadisé dans la région il y a quelques sciècles:
" Sir a blad outat,
 Allah ijâal bladek rih
ou rbiâak chih,
 oulli fik âamrou mayrih!"

" Oh pays d'Outat,
que Dieu fasse que ta terre ne soit que vent,
que ton herbe ne soit qu'armoise
et que tes habitants ne trouvent jamais de repos!"

Les optimistes, eux, s'attendaient au changement de leur ville, ils disaient que "Midelt n'attendait que son homme". Ces derniers ont gagné. Son homme est arrivé. Depuis que sa Majesté le Roi, que Dieu l'assiste, a fait son entrée officielle à Midelt en 2009,
La chiquenaude tant attendue a eu lieu. Cette honorable visite royale a mis notre ville sur les rails du développement. Midelt est aujourd'hui un chantier ouvert, des projets de grande envergure, dans presque tous les domaines y voient le jour. La ville sort désormais de son agonie. C'est une ville qui a beaucoup d'avenir .

Pariez Gros sur Midelt! Pariez sans crainte! C'est une ville qui monte